Mobiliser le secteur privé en faveur du développement et du climat dans les pays en développement. Un projet réaliste ?

L’initiative « From Billions to Trillions » (en français, Des milliards aux milliers de milliards), lancée en 2015 à Addis-Abeba, appelait à intensifier les flux financiers et les investissements du secteur privé dans les pays en développement. Mais au lieu de se combler, le fossé chiffré en « milliers de milliards » de dollars qui sépare les besoins du développement et de la lutte contre le changement climatique, et les flux financiers réels continue de se creuser. Était-ce un conte de fées ? Une chose est sûre : le modèle de fonctionnement actuel des agences de coopération et des institutions de financement du développement ne permet pas de drainer les flux privés
à l’échelle requise.

Dans cet article, nous examinerons les données disponibles et mettrons en lumière ce qu’il faut changer et la manière de procéder. Puisque le diable se cache dans les détails et que le meilleur test est celui de la mise en œuvre, notre analyse s’appuie sur les enseignements préliminaires tirés de l’expérimentation en situation réelle de  l’IFC  (« IFC 3.0 »),  lancée  à  la  fin  de  l’année 2016.  Il  en  ressort  que  malgré  certains progrès, il reste du chemin à parcourir pour que l’IFC 3.0 atteigne l’échelle escomptée,  en  particulier  dans  les  pays  les  plus  pauvres.  La  branche  du  secteur  privé du Groupe de la  Banque mondiale, composée de l’IFC et de la  MIGA, doit continuer d’évoluer d’une approche réactive à une approche proactive en matière de la création de marchés et de développement de projets, tandis que sa branche du secteur public, incarnée par la BIRD et l’IDA, doit intervenir en complémentarité et considérer le secteur privé, tant sur le plan stratégique qu’opérationnel, comme un  agent  de  développement  essentiel.  En  conclusion,  nous  présenterons  des  recommandations  détaillées  et  concrètes  sur  les  actions  qui  pourraient  être engagées à courte échéance. Ce que nous appelons le « WBG 3.0 ». 

Les auteurs remercient Édouard Mien (Ferdi) pour son excellent soutien aux travaux de recherche.