Contributions de la FERDI au Sommet sur le financement des économies africaines et aux débats sur les vaccins contre la Covid 19

En ce début du mois de mai deux grand débats arrivent à échéance, nourris depuis de longs mois par d’intenses discussions.

Il y a d’abord le Sommet sur le financement des économies africaines qui doit se tenir à Paris le 18 mai. La Ferdi apporte deux propositions essentielles en vue de ce sommet. L’une d’elle s’inscrit dans son volet relatif au financement externe. 

 La Ferdi s’est engagée aux côtés du Center for Global Development (CGDev) représenté par son président Masood Ahmed pour faire valoir lors d’un événement du 16 mars qu’il ne s’agit pas seulement de mobiliser des ressources additionnelles pour l’Afrique, mais que, surtout s’agissant des ressources concessionnelles, il faut s’assurer qu’elles sont allouées convenablement entre les pays : "Mobiliser et allouer les financements externes pour l’Afrique". La contribution de la Ferdi a été de souligner combien il était important de prendre en compte la vulnérabilité structurelle des pays africains dans l’allocation entre eux de ces ressources: "Comment allouer les financements externes aux pays africains? Le défi de la vulnérabilité. Propositions pour le Sommet sur le financement des économies africaines". C’est une question de justice, d’efficacité et de transparence, qui concerne au premier chef les banques multilatérales de développement, en particulier la Banque africaine de développement et son guichet concessionnel le Fonds africain de développement. Cette institution pourrait manifester ainsi qu’elle met sa priorité stratégique dans la lutte contre la fragilité politique et l’adaptation au réchauffement climatique. Elle devrait ce faisant pouvoir s’appuyer sur les importantes réflexions en cours dans le cadre des Nations unies pour définir un indicateur de vulnérabilité multidimensionnelle (économique, climatique et sociétale), réflexions auxquelles la Ferdi participe activement. En collaboration avec la Ferdi le Secrétariat du Commonwealth a déjà élaboré un projet innovant d’indicateur que la Secrétaire Générale du Commonwealth Rt Hon Patricia Janet Scotland a présenté lors d’un événement sur le financement des PMA et des autres pays vulnérables organisé le 12 avril par la Ferdi avec le Centre de Développement de l’OCDE et UN OHRLLS à l’occasion du Forum sur le financement du développement de l’Ecosoc. Au demeurant la vulnérabilité structurelle, comme on l’a soutenu, doit aussi être prise en compte dans deux autres grands domaines où les pays africains attendent des ressources nouvelles : l’allocation ou la ré-allocation de DTS et le traitement de la dette.

Un second domaine dans lequel des réflexions ont été récemment conduites par la Ferdi dans la perspective du Sommet de Paris est le renforcement du secteur privé par l’amélioration de son financement, notamment à destination des petites et moyennes entreprises. Entre la micro finance et le financement des entreprises établies, de plus ou moins grande dimension, se situe ce qu’il est convenu d’appeler le « missing middle » où se situent des entreprises essentielles pour l’avenir économique de l’Afrique, conduites par de jeunes entrepreneurs prêts à innover dans les chaînes de valeur, en particulier du domaine agro industriel, et qui peinent à trouver des financements pour réaliser leurs projets. L’événement organisé par la Ferdi le 3 mai sur ce sujet a permis, joignant de jeunes entrepreneurs africains et de grands experts internationaux, d’esquisser des moyens par lesquels il est possible de répondre à leurs besoins en « dé-risquant » les fonds qui leur sont apportés. Une brève "Comment renforcer la contribution du secteur privé au développement africain en améliorant son financement ?" préparée avant l’événement et enrichie par les interventions qui y ont eu lieu précise le diagnostic et les propositions.

À ce débat s’ajoute une autre discussion d’extrême urgence et importance, ayant elle-même de fortes implications financières. Il s’agit de savoir comment répondre au besoin crucial d’étendre rapidement l’accès aux vaccins à travers le monde, notamment dans les populations pauvres, tout en conservant l’incitation à l’innovation des laboratoires qui ont découvert les vaccins et doivent être à même le cas échéant d’en mettre au point de nouveaux. Une solution existe, dont les fondements théoriques et certaines modalités pratiques ont été examinés par Vianney Dequiedt, Directeur scientifique de la Ferdi en collaboration avec Etienne Billette de Villemeur et Bruno Versaevel publiés dans la revue Nature le 19 mars 2021 ainsi que sous la forme d’une brève Ferdi "Covid-19 : doit-on remettre en question les droits de propriété intellectuelle?" et dont le quotidien Les Echos a fait état. Il s’agit d’utiliser le mécanisme du Medicine Patent Pool qui permet de transférer sur une base volontaire tout en gardant la propriété intellectuelle et sur une base collaborative les moyens de fabriquer des vaccins dans les pays où ils doivent être utilisés. Il semble que le Président français dans son discours au Conseil européen du Portugal le 8 mai dernier ait pris une position allant en ce sens. Notons que le rapport de l'Independent Panel for Pandemic Preparedness and Response remis à l'OMS propose ce mardi 12 dans ses recommandations le recours au Medicine Patent Pool.

En ces trois importants domaines évoqués et appelant des décisions prochaines, puissent les arguments scientifiquement fondés aider à trouver des solutions équitables et efficaces et à surmonter les inerties !

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