Les Banques de Développement peuvent-elles relever le défi du développement durable?

Les grands sujets planétaires, dont le climat, la perte de la nature et la solidarité entre les êtres humains font parties, appellent des actions concertées à tous les niveaux, à l’échelle des problèmes. Cette transformation, qui nécessite une mobilisation de tous les acteurs, ne peut pas se réaliser du jour au lendemain. Elle passe par une période de transition, pour permettre aux acteurs de bâtir des modèles socio-économiques en phase avec cette vision. Alors que le multilatéralisme est à la peine pour relever ces défis, les Banques Publiques de Développement (BPD), qu’elles soient actives dans un périmètre local, national, continental ou international, peuvent coopérer et participer à la recherche de ces modèles économiques et sociaux porteurs d’avenirs.

En s’appuyant sur leur fonction duale de financeur public mais aussi de force de mobilisation de la finance privée, elles doivent se doter d’outils et d’indicateurs qui leur permettent de sélectionner et de soutenir de façon privilégiée les opérations faiblement émissives de carbone. Elles doivent mettre en place une grille d’analyse « développement durable » pour sélectionner les opérations sur d’autres critères que purement financiers et, si nécessaire, allonger la durée des crédits pour les opérations à fort impact. Elles doivent aussi garantir qu’aucun de leurs financements n’est susceptible d’encourager des activités allant à l’encontre de la réalisation des objectifs du développement durable, notamment le climat et la nature.

Le présent document explore les raisons pour lesquels les BD peuvent assurer un rôle moteur pour favoriser la transition vers le développement durable. Il propose cinq recommandations pour les décideurs afin de favoriser les conditions de la réussite : 

  • Intégrer l’impératif des transitions en direction de modèles socio-économiques bas carbone, résilients et équitable dans les décisions de financement, ce qui suppose que chaque banque de développement se dote des outils analytiques nécessaires et soit redevable des impacts de ses financements;
  • Mobiliser, entraîner et s’appuyer sur le secteur privé, de façon à faire converger tous les acteurs vers le développement durable. Pour une BPD, refuser de financer un projet très émissif en CO2 ou néfaste pour la nature est d’une utilité limitée s’il est ensuite financé par un autre acteur. Il s’agit là, probablement, de l’une des missions les plus ambitieuses que peuvent se donner les banques de développement.  
  • Utiliser les banques de développement pour canaliser des fonds dédiés aux transitions sur des projets, programmes et actions concrètes s’inscrivant dans les trajectoires nationales, en cohérence avec les accords internationaux qui ont été signés par les Etats.
  • Appuyer l’émergence d’une demande responsable, car les banques ne créent pas les projets. La qualité environnementale ou sociale d’une politique, d’une stratégie ou d’une opération est de la responsabilité première des promoteurs eux-mêmes.
  • Construire une coalition mondiale et solidaire des banques de développement autour de la transition vers le développement durable, en mesure de s’associer avec d’autres acteurs. Dépasser les actions isolées est indispensable pour aborder des problèmes d’ampleur planétaire. Le monde a besoin d’un horizon des solutions et d’acteurs capables d’incarner de nouvelles formes d’action collective, en soutien multilatéralisme, pour insuffler de l’optimisme et des dynamiques positives autour de la durabilité.
Citer

Marodon R. (2020) "Les Banques de Développement peuvent-elles relever le défi du développement durable?" Ferdi Document de travail P272, octobre

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