Les Banques de développement : vers un nouvel essor en appui au développement durable

Les banques publiques de développement vont faire l’objet entre le 9 et le 12 novembre d’une réunion de la plus haute importance pour l’avenir du système financier mondial, le Sommet Finance en Commun, organisé dans le cadre du Forum de Paris sur la Paix.

Sous l’impulsion Rémy Rioux, Président de IDFC (International Development Finance Club) et Directeur général de l’AFD (Agence française de développement), se tiendront successivement plusieurs rencontres qui visent à donner une dynamique nouvelle à l’activité des banques de développement. Précédant la rencontre des Chefs d’État et de gouvernement, ainsi que des responsables des institutions de financement, prévue les 11 et 12 novembre, la 14e conférence internationale de recherche sur le développement de l’AFD sur le thème La main visible : les banques de développement en transitions aura lieu en ligne les 9 et 10 novembre (en deux jours l’après-midi pour la compatibilité des fuseaux horaires). Elle portera sur les questions fondamentales posées par l’objet et la gestion des banques publiques de développement. Les meilleurs spécialistes internationaux débattront de quatre sujets essentiels (voir programme).

La conférence internationale sera elle-même précédée d’ateliers de recherche se tenant les après-midi des 3, 4 et 5 novembre. En effet en amont de la conférence un programme de recherche sur les banques de développement a été mis en oeuvre, financé en partie par l’AFD et piloté depuis Pékin par l’INSE (Institute of New Structural Economics) que préside à l’Université de Pékin, Justin Yifu Lin, ancien chef économiste de la Banque mondiale, docteur honoris causa et ancien professeur invité de l’Université de Clermont, avec la collaboration de plusieurs institutions de recherche et organisations internationales réparties dans le monde.

 Un Policy Paper Les Banques de Développement peuvent-elles relever le défi du développement durable? a été établi à l’AFD par Régis Marodon, qui coordonne la préparation de la conférence : le document met en perspective les forces potentielles des banques de développement. Il souligne le rôle qu’elles peuvent jouer pour accélérer les progrès vers les Objectifs de développement durable (ODD) adoptés à New York en 2015, ainsi que la volonté du groupe de l’IDFC pour y parvenir. Nous remercions Régis Marodon et l‘AFD de nous avoir donné le privilège de publier en anglais et en français ce document de base en avant-première de la conférence.

Il est accompagné ici de trois autres publications, préparées à la Ferdi en vue de la Conférence.

Dans The allocation of resources of national development banks: Does it fit development goals?, Laurent Wagner examine à partir d’un large éventail de données d’entreprises dans le monde la probabilité comparée d’accès aux banques publiques et aux banques privées selon les régions : il fait apparaître que l’écart en faveur des banques publiques est supérieur dans les zones les moins développées. Ces résultats fournissent une première base empirique pour montrer la contribution spécifique des banques de développement au soutien des zones vulnérables. La recherche entreprise devrait conduire à proposer un système d’évaluation de la mesure dans laquelle l’allocation dans l’espace et dans le temps des concours des banques publiques de développement est conforme aux ODD, ce que l’on peut appeler leur sélectivité au regard des ODD (SDGs selectivity), une nouvelle sélectivité, conforme à l’Agenda 2030…et un instrument de redevabilité pour les banques publiques de développement.

Dans la note brève Les financements opérés par les banques publiques de développement sont-ils contracycliques ? Un état des lieux, Florian Léon dresse un bref bilan des connaissances sur le caractère contra-cyclique des banques de développement : malgré la difficulté de généraliser à partir d’études cantonnées à l’Amérique latine et à l’Europe, il existe plusieurs signes indiquant une contra-cyclicité des banques publiques, même si celle-ci semble dépendre du cadre institutionnel et n’est pas automatique. Sur ce point l’étude de Laurent Wagner précitée suggère que la contra-cyclicité se manifeste sur une base géographique plus large que celle observée en Amérique latine et en Europe.

Dans la note brève Banques de développement en Afrique subsaharienne: quelques leçons historiques pour une refondation ? Paul Derreumaux, dont la connaissance du système bancaire d’Afrique de l’ouest et de son évolution est exceptionnelle, analyse l’expérience des banques de développement en Afrique subsaharienne, en particulier en Afrique francophone. L’engouement à leur égard manifesté au lendemain des indépendances ayant été suivi d’un désenchantement suscité par de nombreux échecs, il était important d’en tirer les leçons pour que l’essor aujourd’hui souhaité des banques de développement repose sur ce que l’auteur appelle une « refondation » : celle-ci implique une amélioration de l’environnement, notamment juridique, un environnement compétitif permettant aux banques de développement de choisir leur avantage comparatif, ainsi que leur adaptation aux moyens électroniques qui leur offrent la possibilité de mieux financer les très petites entreprises et les paysans. Prendre appui sur l’expérience pour mieux fonder l’expansion souhaitée des banques publiques de développement est évidemment nécessaire.

En bref, les Banques publiques de développement, ont ou doivent viser en priorité les Objectifs du développement durable et ont pour contrainte la rentabilité, condition de leur survie. Les banques privées au contraire ont pour objectif la rentabilité et doivent avoir pour contrainte le respect des Objectifs du développement durable.

Dans le futur, la Ferdi entend bien poursuivre sa réflexion sur les banques de développement et, si les moyens lui en sont donnés, pouvoir examiner au moins pour certaines d’entre elles, leur comportement au regard des Objectifs du développement durable, en particulier à travers l’allocation de leurs concours. Pour conforter leur vocation et légitimer leur essor, les banques de développement doivent pouvoir témoigner de l’adéquation effective de leurs opérations aux Objectifs de développement durable.