Cette étude explore les connaissances scientifiques sur la manière dont le commerce peut aider l’Afrique à s’adapter au changement climatique (CC) dans trois domaines : (i) les événements à déclenchement rapide provenant d’événements extrêmes de courte durée (inondations, températures extrêmes) ; (ii) les événements à évolution lente (augmentation des températures moyennes et élévation du niveau de la mer) ; et enfin (iii) les politiques de facilitation du commerce.
- Événements à déclenchement rapide. Le commerce réduit l’amplitude des dommages liés aux événements extrêmes, par exemple, les sécheresses. Mais certaines réactions de politiques économiques peuvent augmenter l’amplitude de ces chocs. Lors de la sécheresse sud-africaine de 2015-2016, les politiques ont eu des retombées dans les pays voisins. Après la crise financière de 2008-2009, les restrictions à l’exportation imposées par les principaux exportateurs de denrées alimentaires et la réduction des droits de douane par les importateurs ont amplifié le choc. La coordination des politiques est donc nécessaire pour en contrôler les retombées négatives.
- Événements à évolution lente. Les efforts de modélisation relevés dans la littérature se sont concentrés sur l’exploration des « marges » d’ajustement au changement climatique : changements dans les niveaux de production des cultures existantes ; changements dans les denrées alimentaires ; changements dans l’utilisation des terres ; délocalisation de la main-d’œuvre vers les zones urbaines/migration ; ajustements du volume des échanges à différentes échelles (régionales ou internationales). L’ensemble des modèles examinés montre que l’élargissement des canaux d’ajustement atténue l’amplitude de la perte de bien-être due au changement climatique attendue au cours du 21e siècle. La décomposition des changements de bien-être suggère deux conclusions. Premièrement, les ajustements dans la sélection des cultures et dans les partenariats commerciaux bilatéraux contribuent à peu près également à réduire le coût des ajustements. Deuxièmement, la forte augmentation attendue des prix des denrées alimentaires résultant du réchauffement climatique est susceptible de toucher plus durement l’Afrique subsaharienne.
- Facilitation des échanges. Un système commercial mondial opérationnel est un bien public dont la valeur augmentera avec le changement climatique. L’accès libre et sans entrave à l’approvisionnement mondial en denrées alimentaires (et autres produits essentiels) doit être garanti, en particulier pour l’Afrique. Cela requiert un rapprochement entre les régimes commerciaux et climatiques. Pour commencer, outre l’élimination des subventions néfastes (combustibles fossiles, pêche), les pays développés pourraient conclure un Accord plurilatéral sur les Biens Environnementaux (ABE). Un tel accord serait une triple victoire pour le commerce, pour l’environnement et pour l’agriculture africaine qui nécessite un accès sans droits de douane aux Biens Environnementaux ciblés à l’Adaptation (BEA) au changement climatique. L’étude étudie les droits de douane portant sur les biens environnementaux en les comparant aux autres biens. Ensuite, des provisions sur la préservation de l’environnement devraient figurer dans l’architecture des traités sur le commerce en Afrique.
L’étude conclut que les pays africains pourraient améliorer le fonctionnement de l’architecture politique continentale par plusieurs mesures. Tout d’abord, en intégrant des provisions environnementales dans le traité de la ZLECAf (Zone de Libre-Échange Continentale Africaine). Ensuite, en retirant les BEA des listes d’exclusion de la ZLECAf, en réduisant simultanément leurs barrières commerciales sur les BEA et sur les Produits Préférables Écologiquement (PPE).