La mortalité due au Covid-19 en Afrique : prédominance des effets indirects

La pandémie de Covid-19 est sans précédent pour l’humanité. Elle a pris le monde au dépourvu et l’a plongé dans l’incertitude. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré la maladie à coronavirus comme étant une urgence de santé publique de portée internationale le 30 janvier 2020, et comme une pandémie le 11 mars 2020. L’évolution dramatique de la mortalité due au Covid-19 en Chine et dans les pays du Nord a fait craindre le pire scénario pour les pays africains.

Au regard de la faiblesse des systèmes de santé en Afrique, du financement inadéquat des soins de santé, de la pénurie de ressources humaines et des défis posés par les maladies endémiques existantes, nombre de scientifiques et d’observateurs prédisaient au début de la pandémie de Covid-19, une hécatombe sur le continent. Or, au 20 février 2022, et selon les données fournies par le Centre de prévention des maladies de l’Union
africaine, l’Afrique représente à peine 2,7 % des cas confirmés dans le monde et 4,2 % des décès. Ces chiffres défient indéniablement les premières prédictions de scénario catastrophique pour un continent qui abrite 17 % de la population mondiale.

Les statistiques officielles relatives au Covid-19 ne donnent qu’une indication de la mortalité directe associée à la pandémie. Mais les précédentes épidémies et crises nous enseignent que les effets indirects l’emportent souvent sur les effets directs observés sur la santé en général et la mortalité en particulier.

Cette étude traite des conséquences directes et indirectes du Covid-19 sur la mortalité en Afrique. Dans un premier temps, elle fournit un examen critique des sources de données relatives à la mortalité en Afrique. Elle présente ensuite un état des lieux de la propagation de l’épidémie sur le continent, ainsi que des facteurs qui auraient pu expliquer les différences de trajectoires entre différents pays. Enfin, à travers une estimation de l’élasticité de la mortalité (générale et infanto-juvénile) par rapport aux récessions dans les pays en développement et en Afrique, elle montre la prédominance de la mortalité indirecte induite par la récession sur la mortalité directe observée.

Le double choc, épidémiologique et économique, qu’a subi l’Afrique est de nature purement exogène. Il s’agit de chocs dont l’Afrique n’est pas responsable et qui se sont imposés à elle. Cette vulnérabilité structurelle doit être prise en compte et inciter d’urgence les pays africains à renforcer et à accroître leur résilience structurelle en se dotant d’outils d’anticipation, de préparation et de riposte face aux futures épidémies et pandémies. La santé des populations africaines en dépend.

Citer

Feindouno S. (2024) La mortalité due au Covid-19 en Afrique : prédominance des effets indirects, Ferdi, 116 p.