COP28 - Le rôle de l'indice de vulnérabilité multidimensionnelle (MVI) dans la mobilisation de financements pour le renforcement de la résilience

10 décembre 2023, Dubaï

Événement parallèle à la COP 28 organisé par l'Association des Pays et Territoires d'Outre-Mer (OCTA), la Ferdi, le programme Green Overseas, l'Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP), et la UK Overseas Territories Association (UKOTA).

De nombreux pays restent sous-financés et de plus en plus vulnérables au changement climatique. Cet événement soulignera les inégalités et leurs impacts et explorera la pertinence et l'applicabilité de méthodes mieux adaptées pour la mise à la disposition de fonds à destination de ceux qui en ont le plus besoin.


Objectifs de cet événement

- Identifier les obstacles et les défis auxquels sont confrontés les pays et territoires vulnérables dans leurs efforts pour accéder au financement climatique et discuter des moyens de renforcer leur capacité à utiliser les ressources financières le plus efficacement possible.

- Discuter du rôle de l'indice de vulnérabilité multidimensionnelle (MVI) dans l'amélioration de l'accès à la finance verte (pour les pays et les territoires) et de la manière dont cet indice peut informer et faciliter le soutien à cet effet. Une question en particulier est de savoir si, face au changement climatique, nous devrions envisager un indicateur universel comme le MVI ou un indicateur construit dans le même esprit mais plus axé sur la dimension de vulnérabilité climatique.

-  Présenter et explorer des mécanismes, instruments et approches de financement innovants et transformateurs qui peuvent mobiliser des fonds publics et privés, tels que les obligations vertes, les fonds climatiques, les investissements à impact et les financements mixtes.

- Promouvoir l'intégration des considérations climatiques dans les systèmes financiers, y compris les banques, les assurances, les investissements et les marchés de capitaux, afin d'encourager les investissements durables et d'aligner les flux financiers sur les objectifs climatiques des pays et territoires ciblés.

- Discuter des stratégies de renforcement des capacités, de partage des connaissances et d'assistance technique pour renforcer les capacités institutionnelles, la conception et la mise en œuvre des projets en vue d'un financement efficace de la lutte contre le changement climatique.

Résultats attendus

- Meilleure compréhension de l'importance du financement du climat pour permettre aux pays et territoires vulnérables de s'adapter au changement climatique et d'en atténuer les effets.

- Sensibilisation accrue aux difficultés rencontrées par ces pays et territoires pour accéder aux financements concessionnels destinés à renforcer la résilience face aux effets du changement climatique.

- Meilleure compréhension de la pertinence de l'indice de vulnérabilité multidimensionnelle pour les pays et territoires cibles afin d'accéder à des formes innovantes de financement climatique.

-  Meilleure connaissance des mécanismes innovants de financement vert et des moyens par lesquels les pays et territoires cibles peuvent y avoir accès.

-  Mise en place de coalitions et de partenariats internationaux pour plaider en faveur de la rationalisation des critères de vulnérabilité dans les pratiques de prêt des institutions financières internationales, des gouvernements et de la communauté internationale des bailleurs de fonds.

Programme

Modérateur : Ahab Downer, Directeur du programme Green Overseas (GO)

Remarques introductives

Cristelle Pratt, Secrétaire générale adjointe de l'OEACP


Panel 1. Mesurer les vulnérabilités afin de mieux allouer les ressources financières à ceux qui en ont le plus besoin.

El Khalil Cherif, chercheur principal au Marine, Environment and Technology Center (MARTEC)

Matthieu Boussichas, chargé de programme à la Ferdi

Panel 2. Impacts du changement climatique sur le terrain et partage de point de vue sur les besoins urgents pour permettre la résilience au changement climatique

Hon. Josephine Connolly, ministre du tourisme, de l'environnement, de la pêche et des affaires marines, de la culture et du patrimoine, de l'agriculture et des affaires religieuses, pour le gouvernement de Turks & Caicos

Hon. Quincia Gumbs-Marie, ministre de la durabilité, de l'innovation et de l'environnement, pour le gouvernement d'Anguilla

Panel 3.  Comment compléter le maque de fonds  à court et à long terme afin de faire face efficacement aux impacts les plus graves du changement climatique 

Représentants d'institutions financières internationales de développement


Conclusion

Nicolas Chenet, Directeur du département Développement durable, Expertise France.

Mesurer la vulnérabilité multidimensionnelle - Intervention de Matthieu Boussichas, chargé de programme à la Ferdi

Rappel de la définition de la vulnérabilité telle qu'elle est aujourd'hui normalisée par les Nations unies

La vulnérabilité est le risque qu'un pays soit affecté de manière permanente par des chocs d'origine exogène. Elle dépend de l'ampleur probable des chocs, de l'exposition du pays à ces chocs et de sa capacité à y faire face, appelée résilience.

Elle est multidimensionnelle : économique, environnementale et sociale.

On distingue :

  • La vulnérabilité structurelle qui ne dépend pas de la politique du pays: enclavement, élévation du niveau de la mer, dépendance à l'égard d'une matière première dont le prix mondial est très volatil, etc.
  • La vulnérabilité générale qui comprend en plus l'effet des politiques actuelles et futures. 

Ce concept est important parce que ces chocs ont un impact négatif important sur le développement et il est utile pour :

  • comprendre ce qui handicape structurellement un pays 
  • influencer les politiques publiques internationales de financement du développement. C’est d’ailleurs une question de justice dans le but de compenser un handicap structurel subi par un pays et dont il n'est pas responsable.

Comment mesurer cette vulnérabilité multidimensionnelle ?

Il y a trois conditions à respecter :

  • Premièrement : L'index doit évidemment être multidimensionnel ;
  • Deuxièmement : Il doit être universel, c’est-à-dire mesuré pour au moins tous les pays en développement afin que la vulnérabilité mesurée puisse être comparée à celle ds autres.
  • Troisièmement : Il doit distinguer ce qui relève de la politique du gouvernement de ce qui est structurel.

De nombreux indices tentent de mesurer la vulnérabilité, mais très peu remplissent ces conditions.

Jusqu'à présent, il existait l'Indice de vulnérabilité économique et environnementale des Nations unies.

Il existe également l'Indice de vulnérabilité universelle du Commonwealth (UVI) qui a été développé avec l’aide de la Ferdi.

Il y a désormais l’Indice de vulnérabilité multidimensionnelle (MVI) élaboré récemment par un panel de haut niveau des Nations unies, avec l'appui technique d'une équipe de chercheurs de la Ferdi.

Qu'est-ce que ce fameux MVI

C’est un indice de mesure de la vulnérabilité des pays qui couvre les trois dimensions du développement durable, en combinant des indicateurs qui mesurent l'ampleur et l'exposition de chaque pays aux chocs, et des indicateurs qui mesurent le manque de résilience structurelle de chaque pays.

Il ne comprend donc pas d'indicateur évaluant la politique actuelle du pays, afin de ne pas récompenser in fine un gouvernement dont le pays est vulnérable en raison d'une mauvaise gestion.      

Un MVI, d'accord, mais pour quoi faire ?

Il a trois utilisations possibles :

  • Il peut contribuer à identifier une catégorie de pays, comme l’EVI pour les PMA.
  • Il peut être utilisé comme critère d'éligibilité pour le financement. 
  • Enfin, et surtout, il peut être utilisé comme critère d'allocation des ressources concessionnelles. C’est d’ailleurs l’utilisation attendue principale. Les Nations unies ont officiellement demandé qu'un tel indice soit utilisé pour allouer les ressources concessionnelles, la vulnérabilité étant un critère d’allocation complémentaire aux critères plus traditionnels tels que le revenu par habitant, les indicateurs de performance, etc. 

Pour conclure, le MVI est une étape importante dans la prise en compte de la vulnérabilité dans l'accès des pays vulnérables aux financements puisqu’il permet de hiérarchiser les pays selon leur vulnérabilité, même si certains aspects de sa conception peuvent certainement être améliorés.

Une question se pose également aujourd'hui pour l'allocation des fonds concessionnels destinés à  la lutte contre le changement climatique, notamment pour l’adaptation : faut-il utiliser un indice multidimensionnel comme le MVI, qui par définition ne mesure pas la seule vulnérabilité climatique, ou plutôt un indice du même type mais dédié uniquement à la mesure de la vulnérabilité physique au changement climatique ? 

A la Ferdi, nous pensons qu'il faut un indice spécifique que nous avons développé à cet effet.