L’étude porte sur les tendances de la mortalité au Burkina-Faso depuis l’indépendance, et tout particulièrement celles des jeunes enfants (0-4 ans) et des jeunes adultes (15-49 ans). Dans un premier temps elle résume les données recueillies lors des principales opérations démographiques conduites au niveau national : deux enquêtes démographiques (EDN) de 1961 et 1991 ; quatre recensements de population (RGPH) de 1975, 1985, 1996, et 2006 ; quatre enquêtes démographiques et de santé (DHS) de 1993, 1999, 2003, et 2010 ; et deux enquêtes sur les indicateurs du paludisme (MIS) de 2014 et 2018. Dans un second temps elle propose une reconstruction fine des tendances de la mortalité des jeunes enfants, et une analyse spécifique des trois périodes d’inversion de tendance : 1972-1974, 1982-1984, et 1991-2006. Les résultats montrent une baisse impressionnante de la mortalité entre 1960 et 2018, en milieu urbain comme en milieu rural, chez les jeunes enfants comme chez les jeunes adultes. La première période de crise montre une surmortalité, associée à la sécheresse du début des années 1970 et à la baisse des revenus concomitante. Il en va de même pour la seconde période de crise, elle aussi associée à la sécheresse du début des années 1980 et à une baisse des revenus. La troisième période est plus longue et montre une surmortalité probablement associée d’abord au sida mais aussi aux difficultés économiques du début des années 1990. Dans l’ensemble le pays semble assez résilient aux périodes de crise, et la mortalité récupère rapidement les tendances précédentes après les crises, probablement grâce à une aide internationale importante. Cependant, la période récente (2010-2019) reste mal connue du fait de l’absence de données précises, et l’épidémie de Covid-19 pourrait compliquer la situation après 2020.