Quelques réflexions sur l’après COP 21

De toute évidence, les engagements et les promesses adoptés à Paris ne seront que la première étape d'un long parcours. Des efforts supplémentaires de réduction des émissions  devront être mis en œuvre dans les années à venir, et des mesures politiques plus efficaces devront être adoptées, tant au niveau national qu’international.

L'adoption de systèmes de mesures robustes pour mesurer, reporter et vérifier facilitera la mise en conformité. Mais sans l’appui de mesures coercitives, il est peu probable que les pays atteignent de grandes réductions des émissions de gaz à effet de serre. Il manque à la fois la coercition et la vision. Il ne suffit pas d’être d'accord sur un objectif de température. Il est maintenant urgent de s’accorder sur une trajectoire de transformation sociétale, qui, tout au moins dans une économie de marché, ne peut se produire que par un changement dans les prix relatifs. Un niveau de coopération au-delà de ce qui sera vraisemblablement accepté à Paris est nécessaire pour relever le défi du changement climatique : 

  • un accord sur un prix de référence du carbone –à mettre en œuvre progressivement et grâce à des mesures spécifiques à chaque pays– permettant de canaliser l’investissement vers des solutions à faible intensité de carbone 
  • les contributions à la R&D doivent changer d’échelle, notamment en ce qui concerne le secteur public dont l’investissement dans les technologies de l'énergie représente seulement un quart du niveau équivalent dans les années 1980 
  • l’efficacité exige que les perceptions en termes d'équité soient prises en considération. Ceci exigera des investissements massifs et un soutien financier des pays à haut revenu en faveur des pays à faible revenu, une forme d’aide au développement génératrice de bénéfices globaux, à la fois pour les pays donateurs et pour les pays bénéficiaires.

Par conséquent, il doit y avoir une coopération dans plusieurs domaines simultanément –pour réduire les émissions, pour impulser la R&D, et pour financer l'investissement et le développement. L'ampleur, l'étendue et la complexité de la tâche sont sans précédent, et il n’y a pas d'autre alternative que de faire face directement à ce défi. Comme il est discuté dans cet ouvrage, les dispositions adoptées à Paris devront être développées et améliorées au fil du temps. Des efforts supplémentaires devront également être poursuivis –qu’il s’agisse de « modules » réunissant les principaux acteurs concernés, de restrictions commerciales pour punir la non-participation, ou de tout autre type de mesure. Le processus de la CCNUCC restera au centre de tout effort mondial, mais il ne sera pas l’unique terrain de jeu. La question du climat est trop complexe, trop vaste et trop importante pour pouvoir n’être résolue que par un seul arrangement institutionnel. Cet ouvrage fournit des conseils sur la façon dont le monde pourra s’engager en terrain inconnu.