Les ateliers organisés par la Ferdi :
7 décembre 2015, 13h00 – 14h15 : Salle 1 Interprétation simultanée EN/FR
Organisé en collaboration avec Fondazione Eni Enrico Mattei (FEEM) et France Stratégie.
Modérateur : Carlo Carraro, Directeur scientifique, Fondazione Eni Enrico Mattei (FEEM)
Intervenants:
Carlo Carraro, directeur scientifique à la Fondazione Eni Enrico Mattei, a animé et modéré l’atelier. En introduction, il a rappelé l’objectif de l’atelier qui était de confronter les points de vue entre les chercheurs qui imaginent des solutions alternatives au financement de l’atténuation dans les pays en développement (assurance, réduction des risques…) et le point de vue de ceux qui pratiquent ou gèrent le financement dans les pays en développement. Au final, l’atelier a exploré les stratégies qu’il est possible de mettre en œuvre pour financer l’atténuation, les politiques et les pratiques que l’on peut adopter.
Adama Coulibaly, directeur de cabinet de Madame Niale Kaba, Ministre auprès du Premier Ministre en charge de l’Économie et des finances de Côte d’Ivoire, a présenté la stratégie de lutte contre le changement climatique mise en place par la Côte d’Ivoire, l’objectif du pays étant de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 28% d’ici 2030. Les trois axes principaux de travail sont l’utilisation des énergies renouvelables, l’augmentation de la productivité agricole de manière durable et la gestion durable des déchets. Adama Coulibaly a ensuite rappelé que de nombreux fonds sur l’adaptation ont été créés par le passé, mais il y a nécessité d’un accès direct des pays à ces ressources si possible sans intermédiaire (e.g. agences multilatérales), d’un assouplissement des procédures d’accès et d’une préférence pour les financements qui sont fait sous forme de dons ou de prêts concessionnels. Il a également soulevé la nécessité d’utiliser les ressources issues des taxations liées aux émissions de carbone pour financer les besoins des pays en développement en matière de transfert de technologie. Enfin, il a conclu son intervention sur le besoin d’impliquer encore plus le secteur privé au travers d’initiatives et de partenariats public-privé (PPP) pour augmenter les capacités de financements de la lutte contre le changement climatique.
Barbara Buchner, directrice principale du Climate Policy Initiative, a tout d’abord présenté un panorama de l’état actuel du financement pour lutter contre le changement climat. Celui-ci atteint le record historique de 391 milliards de dollars en 2014, le financement privé représentant 243 milliards. C’est ce financement provenant du secteur privé qui a été le moteur de cette augmentation avec un effort d’investissement important dans le parc éolien et solaire. La part du financement climatique dédiée à l’atténuation représente 93% avec 243 milliards de dollars uniquement dédiés à la production des énergies renouvelables. Barba Buchner a conclu que bien que les efforts soient importants, ils sont loin d’être suffisants pour rester sur un scénario de 2°C. Elle a défini quatre opportunités majeures pour permettre l’augmentation des financements : (i) améliorer le suivi de ceux-ci; (ii) avoir des politiques d’investissement et des cadres juridiques de qualité au niveau national ; (iii) développer des instruments financiers innovants répondant au besoin des investisseurs ; (iv) mieux intégrer les considérations climatiques dans le système financier.
En préambule de sa présentation, Etienne Espagne, économiste au CEPII, a présenté l’écart constaté entre les montants déclarés nécessaires pour financer la lutte contre le changement climatique, les promesses faites par les pays et les sommes réellement versées. Il existe des divergences de points de vue entre les pays développés et les pays en développement concernant les attentes de ces financements dédiés à la lutte contre le changement climatique. Une des solutions pour trouver un terrain d’entente est la mise en place de « Carbon Certificates » qui, une fois délivrés aux projets bas-carbone, permettraient de bénéficier de prêts plus concessionnels auprès des banques commerciales. De plus, pour attirer davantage de financements, la création d’obligations vertes émises par les banques de développements pourrait être une solution.
Matthew Arndt a rappelé que la Banque Européenne d’Investissement (BEI) consacre depuis plusieurs années 25% de son portefeuille d’investissement à l’action pour le climat. En outre, depuis 2007, la BEI est émettrice d’obligations climatiquement responsables afin de lever plus de fonds consacrés à ce secteur d’investissement. Dans cette même logique, la BEI a postulé pour être une institution accréditée auprès du Fonds vert pour le climat et apporter ses compétences notamment en ingénierie financière dans le domaine du climat. Matthew Arndt a également noté que le virage politique qui sera pris par l’Europe influencera grandement l’avenir des activités de la BEI. Enfin, il a expliqué que la BEI recherche une action catalytique avec les financements privés sur les projets climat, afin d’optimiser l’apport de fonds sur ce secteur. En conclusion, il a présenté les efforts d’équité voulu par la BEI dans ces projets d’investissements verts, notamment en impliquant le plus possible les acteurs impactés par ceux-ci.
7 décembre, 14h15 – 15h30: salle 1 Interprétation simultanée EN/FR
Organisé en collaboration avec l’Agence française de développement
Modérateur : Pr. Patrick Guillaumont, Président de la Ferdi
Intervenants :
La première partie de l’atelier a consisté en une présentation par Patrick Guillaumont, président de la Ferdi, d’une proposition consistant à allouer les fonds concessionnels d’adaptation en fonction d’un indice de vulnérabilité au changement climatique. Cette proposition a été présentée par lui dans l’ouvrage de Scott Barrett, Carlo Carraro et Jaime de Melo intitulé Vers une politique du climat réaliste et efficace publié également en anglais (lien). La justification d’une telle allocation repose sur le fait que les pays pauvres et non responsables du changement sont en droit d’être compensés en fonction de la vulnérabilité des chocs climatiques auxquels ils ont à faire face. Pour cela Patrick Guillaumont a proposé un indice qui soit à la fois exogène, indépendant des politiques suivies par les pays, reposant sur des mesures physiques et non sur des estimations économiques des dommages et est enfin un indicateur du changement climatique et non du climat lui-même. Le Physical Vulnerability to Climate Change Index (PVCCI), élaboré par la Ferdi répond à ces critère. Utilisé dans un modèle d’allocation, tels que celui qu’utilisent les banques multilatérales de développement, pour l’allocation de leurs fonds concessionnels, il permet de déterminer un crédit d’adaptation par pays, que le pays peut ensuite faire valoir auprès d’organismes accrédités pour financer des opérations dont la contribution à l’adaptation aura été reconnue.
Michele de Nevers du Center for Global Development a ensuite présenté la proposition qu’elle avait faite précédemment avec Nancy Birdsall et dont le principe de départ est analogue à celui de la proposition de la Ferdi, à savoir la reconnaissance d’une responsabilité causale des pays développés et d’un « entitlement » des pays pauvres vis-à-vis des pays émetteurs de CO2. La proposition en diffère toutefois en ce qu’elle ne refuse pas d’estimer certains dommages en termes économiques. Selon Michele de Nevers, le crédit d’adaptation pourrait être utilisé directement par des organismes locaux accrédités, autre que l’Etat.
Gaël Giraud, Economiste en chef de l’Agence française de Développement, a ensuite soutenu la proposition en soulignant l’importance de l’indice de vulnérabilité physique au changement climatique en vue d’une allocation équitable et l’avantage que présente le fait qu’il soit établi en termes uniquement physiques, évitant ainsi les incertitudes résultant du système de prix qu’implique l’estimation monétaires des dommages. Gaël Giraud a, d’autre part, indiqué que l’AFD avait utilisé l’indice de la Ferdi pour l’analyse de la vulnérabilité des petits pays et territoires insulaires. Il a également mis en lumière le besoin de prendre en compte l’environnement régional dans l’estimation de la vulnérabilité d’un pays.
Boukary Adji, Ancien Premier Ministre du Niger, Ancien Vice-Gouverneur de la BCEAO, a ensuite pris la parole en sa qualité de co-champion de la cause de l’aménagement du lac Tchad. Il a souligné, d’une part l’importance de l’asséchement du lac Tchad et de la désertification dans les zones sahéliennes, puis d’autre part leurs liens avec le développement des conflits et en particulier de Boko Haram. Il a, ce faisant, souligné la nécessité d’allouer les fonds d’adaptation concessionnels en fonction de la vulnérabilité au changement climatique.
Enfin Sonam Lhaden Khandu, de la Commission nationale pour l'environnement du Bhoutan, a souligné la grande vulnérabilité de son pays au changement climatique, notamment par le caractère enclavé du pays et la fragilité de ses paysages montagneux, mais aussi par la dépendance de son économie, peu diversifiée, à l’agriculture. De plus, le Bhoutan étant composé de nombreux glaciers et lacs, le réchauffement du climat l’expose à un accroissement de l’importance et de la fréquence des inondations qui elles-mêmes ont des conséquences graves sur la qualité des terres et la propagation de certaines maladies. Sonam Lhaden Khandu a rappelé les efforts de son pays pour élaborer des programmes d’actions à l’adaptation au changement climatique (NAPA), notamment le premier d’envergure en 2013 avec des projets d’adaptation dans tous les secteurs concernés, soulignant ainsi l’importance d’une approche globale pour faire face aux conséquences du changement climatique. Les perspectives d’une augmentation des températures de 1,5 à 2 degrés sont inquiétantes pour les systèmes écologiques les plus fragiles. Aussi, il est indispensable de considérer des perspectives objectives d’allocation de l’aide en faveur de ces systèmes, notamment au moyen d’indices comme celui de la Ferdi qui tiennent compte de ces vulnérabilités, de la dépendance des pays aux moyens de subsistance, et d’une insuffisante capacité à y faire face.
7 décembre 2015, 15h30 – 16h45 : Salle 8
Organisé en collaboration avec la Banque mondiale / GFDRR
Modérateur : Pr. Alain de Janvry, Université de Californie à Berkeley et Senior fellow Ferdi
Intervenants :
Avec le changement climatique, il est attendu que les pays soient exposés à une augmentation des désastres tels que les tornades, sécheresses, inondations, et températures extrêmes. Les plus pauvres étant les plus exposés et les plus vulnérables à ces chocs, les pays doivent mettre en place des stratégies pour anticiper la fréquence de ces chocs afin que la mise en sécurité, la reconstruction et la réparation soient mises en place rapidement. Ceci demande à la fois l’utilisation d’instruments financiers afin de fournir rapidement les ressources nécessaires pour gérer les chocs, mais également des investissements dans la capacité de résilience afin de réduire les pertes en matière d’actifs, de revenus et de moyens de subsistance associés aux futurs chocs. Les négociations à la COP21 ont deux grands objectifs : affermir les contributions volontaires des États pour une réduction d’émission de CO2 suffisante afin d’éviter la montée des températures au-dessus de 2 degrés d’ici 2100 et obtenir des engagements financiers au fonds Vert pour le climat de 100 milliards par an pour aider les pays les plus pauvres à financer l’atténuation des émissions et l’adaptation au changement climatique. En admettant que ces ressources financières deviennent disponibles, la question serait comment les États vont les utiliser au mieux dans une stratégie nationale de réponse ex-post aux chocs et dans des investissements ex-ante dans la capacité de résilience. L’objectif de l’atelier de la Ferdi était de tirer les leçons des expériences des pays afin de fournir des pistes de stratégies nationales possibles pour les autres pays.
En réponse à ce challenge, Stéphane Hallegatte, Économiste en chef du groupe sur le changement climatique de la Banque Mondiale, soutient que les pays devraient planifier leur réponse aux désastres naturels en anticipant la manière dont ils financeront et mettront en place les mesures de relèvement et de reconstruction qui suivent un événement climatique. Le plan financier devrait anticiper la manière de combiner les instruments en accord avec l’amplitude du désastre et la capacité du pays. Les instruments disponibles comprennent les fonds réserve, les réaffectations budgétaires, les crédits d’engagement, les prêts d’urgence, les assurances traditionnelles et paramétriques et l’émission d’obligations catastrophe. Le plan financier n’est pas seulement un exercice technique, mais c’est engagement politique important qui permet la création d’une provision pour une assistance post-désastre crédible. Un financement crédible du risque clarifie la répartition de la propriété du risque et permet l’accroissement des investissements dans la réduction des risques.
Alejandro del Valle, professeur à la Georgia State University, a présenté une évaluation rigoureuse du Fonden, le fonds pour les désastres naturels du Mexique. Le transfert aux municipalités de fonds post-désastre est indexé sur des désastres spécifiques excédant les seuils vérifiables et connus du public. L’impact en termes de croissance de ces transferts est mesuré par les observations satellites mensuelles de l’évolution de l’intensité lumineuse au sol. Les résultats montrent que la stratégie du Fonden a bénéficié d’un ratio bénéfice-coût de 1.29, rendant la dépense utile. Le plus gros bénéfice du programme apparait 15 mois après le désastre, diminuant après deux ans.
Alain de Janvry, professeur à l’université de Californie à Berkeley, a présenté quatre instruments qui ont été utilisés en réponse aux chocs climatiques : l’assurance indexée sur le climat, la marge de crédit pré-approuvée indexée sur les chocs climatiques, des technologies agricoles réduisant les risques, comme par exemple un riz supportant les inondations, et dispositifs de protection sociale avec transferts visant les plus pauvres et indexé sur les événements climatiques. Il a montré en quoi ces instruments peuvent être efficace pour aider les pays à s’adapter aux chocs, mais également en quoi un travail additionnel est nécessaire pour les améliorer. Ces instruments doivent être utilisés comme une partie de la stratégie globale de réponse au risque ex-ante et ils doivent être testés au travers d’expériences terrain.
L’ambassadeur Seydou Bouda, Directeur exécutif adjoint d’Africa 2 à la Banque Mondiale a souligné les risques importants que les populations pauvres en Afrique doivent supporter dans le contexte du changement climatique. Il a fait valoir que les pays doivent planifier à l'avance la survenue de ces événements. Dans certains pays comme la Mauritanie, le secteur privé a un rôle clé à jouer dans la provision d’une protection sociale. Dans beaucoup d’autres pays, l’aide internationale aura un rôle majeur à jouer dans l’atteinte des objectifs d’adaptation en raison du manque de capacité financière et d’expertise technique.
Pour finir, les participants se sont accordés pour dire qu’il existe de nombreux instruments disponibles pour les pays et capables d’aider les populations à s’adapter au changement climatique. Pour rendre ces instruments utilisables par les pays pauvres une aide internationale plus importante que celle promise par la COP 21. Le panel a fait les recommandations suivantes :
08 décembre 2015, 11:30 - 13:00 - Paris-Le Bourget- Room 6
Modérateur : Ana Toni, Executive Director, Instituto Clima e Sociedade, Brazil
Intervenants
Les participants ont examiné comment les contributions prévues déterminées au niveau national (INDC) pourraient être mises en oeuvre après la COP21. Plusieurs éléments ont été étudiés : l'éventail des politiques nationales et internationales mises en oeuvre et les progrès réalisés pour atteindre les INDC, et les mécanismes qui peuvent aider à atteindre les objectifs visant à éliminer le dioxyde de carbone dans l'atmosphère.
Carlo Carraro a ouvert la session en introduisant l’ouvrage Vers une politique du climat réaliste et efficace. Il a ensuite présenté une évaluation des intentions de contributions nationales - Intended Nationally Determined Contributions (INDCs). Il a souligné que ces contributions, si elles étaient mises en œuvre, constitueraient un point décisif pour la politique du climat, en mettant fin à l’augmentation des émissions de CO2 (les INDCs représentent une réduction des émissions de 20% par rapport aux projections « Business as Usual » (BAU). De nombreuses régions sont dans la bonne direction, en particulier les pays de l’OCDE. D’importants pas en avant sont également effectués par les pays émergents. Carlo Carraro a également noté que les INDCs contiennent un certain degré d’équité : les réductions d’émissions augmentent avec le revenu par tête. Cependant, une grande différence des coûts marginaux de réduction d’émission entre les pays impliqués par les INDCs suggère un potentiel de gain d’efficience à travers la tarification du carbone et les systèmes de plafonnement et d’échange – « Cap and Trade » (CATs)- un sujet couvert par Robert Stavins.
Surabi Menon a présenté le « Carbon Transparency Initiative » (CTI) qui souligne les progrès réalisés dans l’établissement d’une économie sobre en carbone, à travers l’analyse des éléments moteurs sur lesquels s’appuie la décarbonisation. Elle a montré que la baisse en intensité carbone dans le secteur de l’énergie est liée à l’augmentation de l’utilisation des énergies renouvelables (hydro, géothermal, biomasse, éolien et solaire) et du remplacement partiel du charbon par le gaz . Un prolongement de cette tendance rendrait possible le scénario des 2°C. Par exemple, entre 2013 et 2014 l’utilisation du charbon a diminué de 2,9%. En extrapolant ces changements, le CTI juge que l’utilisation du charbon dans l’industrie et la construction connaitra un pic puis diminuera après 2016. Concernant le secteur des transports, Surabi Menon prévoit qu’entre 2010 et 2030 les émissions liées au transport augmenteront de 2,8% par an en Chine, en U.E., en Inde et aux E.U, une croissance essentiellement due à la Chine et l’Inde. Le moteur est la décarbonisation du secteur de l’énergie qui se produit plus rapidement qu’anticipé. Surabi Menon a conclu sa présentation par les prévisions du CTI en matière de croissance des sources d’énergies renouvelables.
Roger Guesnerie a poursuivi en présentant les leçons que nous pouvons tirer de l’expérience européenne sur le marché carbone qu’est « l’European Trading System » (ETS). Il note que le système ETS a été préféré à une taxe carbone pour des raisons politiques, car une taxe nécessite un accord unanime alors qu’une majorité suffit à la mise en place d’un système d’échange. Une des leçons tirées de l’ETS est la difficulté d’avoir un contrôle sur le prix, compte tenu de la pression politique pour obtenir un grand nombre de quotas ce qui abaisse leur prix sur le marché d’échange. Une autre leçon est que le marché des ETS ne devrait pas être ouvert à d’autres marchés, par exemple celui du « Clean Development Mechanism » (CDM) car il dilue le marché des ETS en augmentant l’offre. Roger Guesnerie a également noté que le marché peut être affecté par le ralentissement mondial de l’économie. Il a conclu sa présentation en suggérant qu’une “coalition vertueuse” pourrait être construite autour des pays qui mettent en place un prix du carbone. Les membres de cette coalition imposeraient alors une taxe sur les importations provenant des pays qui ont refusé de joindre celle-ci, un mécanisme de pénalité contre les pays appliquant un faible prix du carbone en les excluant du club de pays qui, eux, bénéficieraient d’une amélioration de leurs termes de l’échange. Les pays hors-club verraient alors leurs termes d’échange se dégrader avec une restriction de l’accès au marché.
Jaime de Melo a commencé sa présentation en remarquant que le régime commercial, d’une part et le régime climatique, d’autre part, étaient sur une trajectoire de collision car les différents prix du carbone impliquent des « fuites » de carbone le temps que les pays atteignent une politique du climat efficace. Actuellement « l’intégration négative » de l’OMC donne une liberté quasi complète aux pays de choisir leurs politiques environnementales tant que celles-ci ne sont pas discriminatoires. Il note que les négociations actuelles vers « l’Environmental Goods Agreement » (EGA) vont probablement déboucher sur peu de gain, car la majorité des membres ont déjà une politique de zéro taxe sur les biens environnementaux. Les services environnementaux, quant à eux, sont exclus des négociations. Cependant l’approche d’accords plurilatéraux (AP), si il y a multilatéralisation, pourrait conduire à d’autres accords entre les secteurs à hautes émissions. Jaime de Melo a également souligné que les AP sont un complément à l’approche multilatérale de l’OMC. Les AP satisfont trois critères qui ont été éludés dans le Protocle de Kyoto (i) la participation totale ; (ii) l’exécution par les membres ; (iii) les membres changent largement leurs comportements. Il a conclu sa présentation en suggérant que l’OMC aille vers un contrat d’intégration positive. Ce choix pris par l’OMC autoriserait les subventions « vertes » (rétablir l’art. 31 SCM). Une surveillance obligatoire des subventions sur les combustibles fossiles devrait également être mise en place et la mise en place de labels « environnement » devrait être légalisée en utilisant les normes ISO qui garantissent une immunisation contre les challenges sur les bases de « similarités » à l’OMC.
Dans ses remarques d’ouverture, Scott Barrett a rappelé que les réductions d’émissions posent un immense problème d’action collective, car les incitations aux parasitismes sont fortes, les pays n’ayant pas assez d’incitations à réduire les émissions pour atteindre un niveau optimal. Se basant sur des expérimentations en laboratoire dans lesquelles les sujets avaient une motivation financière, Scott Barrett montre, que, même avec un système d’évaluation et d’examen, les pays, agissant dans leur propre intérêt, fixeraient toujours les engagements et les contributions systématiquement bien en-dessous de ce qui est nécessaire, alors même que les objectifs à atteindre sont connus. Scott Barrett a ensuite traité du mérite et des inconvénients de la géo-ingénierie du carbone et solaire, deux alternatives aux réductions d’émissions.
Robert Stavins a terminé la session en discutant des bénéfices et difficultés des politiques de liaisons régionales, nationales et infranationales qui permettrait une connexion de marchés avec différents prix du carbone. Un tel système, connu sous le nom de « Cap and Trade » (CAT) permet des gains d’efficience quand des marchés au prix du carbone différents peuvent échanger des certificats de carbone, amenant à une égalisation du prix. Robert Stavins a examiné l’expérience des CATs qui ont émergé comme l’instrument de choix dans beaucoup de pays, à la fois au niveau national et infranational. Robert Stavins a ensuite décrit les bénéfices considérables des liaisons : réduction des coûts, réduction du pouvoir des marchés, et réduction de la volatilité des prix. Il a conclu sa présentation en notant qu’un accord qui faciliterait les actions dans d’autres juridictions pourrait aider les pays à atteindre leurs objectifs d’INDC.
Patrick Guillaumont et Jaime de Melo ont participé à quatre ateliers organisés en parallèle à la COP21.
Jeudi 3 décembre, 15h à 16h30, Bourget, Espace Génération Climat, Salle 9
Cette conférence organisée par IPEMED avait pour principale thématique la régionalisation des réponses aux enjeux du changement climatique, plus particulièrement dans le cadre des relations entre l’Afrique, la Méditerranée et l’Europe.
Jaime De Melo, Directeur scientifique de la Ferdi a introduit cette conférence en dressant un panorama des effets anticipés du changement climatique en Afrique et des défis à relever.
L’Afrique Face au défi du changement climatique
Etaient également présents :
- Saïd Mouline, Président d’ADEREE Maroc, est intervenu pour présenter les engagements du Maroc en matière de changement climatique, ainsi que les politiques mises en œuvre dans le cadre de la Stratégie Nationale Energétique. Une ouverture sur les apports de la coopération bilatérale et régionale (notamment au sein du réseau MEDENER) pourra être faîte au Maroc.
- Un représentant du 4C Maroc (Centre de compétence Changement Climatique) a apporté son témoignage sur le fonctionnement et les missions de ce centre, qui se définit comme un « hub pour les informations en matière de changement climatique (CC) ouvert sur son environnement régional et africain ». Le représentant du 4C Maroc a pu intervenir en binôme avec le représentant d’un pays africain ayant participé au processus d’élaboration de l’INDC.
- Alfred Mignot, rédacteur en chef de La Tribune, a joué le rôle du médiateur lors de cette conférence. Après des échanges avec le public,
Jean-Louis Guigou, Président d’IPEMED, a proposé des éléments de conclusion autour de la nécessité de penser les défis climatiques au sein d’une grande région Afrique-Méditerranée-Europe.
dimanche 6 décembre, Paris
Patrick Guillaumont a participé en tant qu'expert à cette réunion organisée par le Bureau UN-OHRLLS, en collaboration avec le Gouvernement de Zambie (Président du Groupe des Pays en développement sans littoral).
Programme
2.30 – 3.00: Ouverture
3.00 - 3.45: Impacts of climate change on economic development of landlocked developing countries
3.45-4.15: Interactive debate
4.15-4.30: Concluding remarks
dimanche 6 décembre, Paris
Patrick Guillaumont participait à cette rencontre organisée par le Bureau UN-OHRLLS et modérée par Gyan Chandra Acharya, Secrétaire général adjoint et Haut représentant des PMAs, PDSL et PEID.
lundi 7 décembre, Paris
Cet évènement était organisé par l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) et le gouvernement du Sénégal.
La conférence avait pour objet de dégager les principales pistes à suivre pour assurer aux pays francophones en développement qu’ils puissent disposer dans l’avenir de moyens adéquats afin de s’adapter aux changements climatiques et contribuer, à hauteur de leurs responsabilités, à contenir le réchauffement climatique au niveau accordé par la communauté internationale.
Patrick Guillaumont participait à cette conférence où il a présenté le chapitre du livre Vers une politique du climat réaliste et efficace qu'il a écrit sur la mesure de la vulnérabilité au changement climatique pour allouer le financement de l’adaptation.