Le bilan des quinze dernières années de ce que l’on appelait autrefois notre politique africaine apparaît particulièrement calamiteux. La démocratie qu’appelait de ses vœux le président Mitterrand lors du discours de La Baule en 1991 a surtout permis à quelques vieux caïmans de piller leurs pays pendant des décennies. Elle a permis à quelques héritiers de s’emparer de pouvoirs qui semblent désormais de nature héréditaire. Plus inquiétant, un certain Evgueni Prigojine (Wagner) a pris ses quartiers au cœur centrafricain de notre pré-carré. Cerise sur le gâteau, le Mali et le Burkina, ces deux pays où pendant un demi-siècle, nos ONG ont exercé en toute liberté, où des générations de chercheurs et de coopérants français se sont succédé, nous ont tout bonnement expulsés. Oubliés en passant les 58 jeunes Français qui ont récemment sacrifié leur vie dans un combat impossible. Alors que les diasporas de ces deux pays vivent par centaine de milliers dans nos banlieues, c’est Sergueï Lavrov, l’homme à qui le maître du Kremlin a confié la mission d’ouvrir un « deuxième front face aux insidieuses manœuvres de l’Occident », qui est reçu en grande pompe à Bamako.