MODÉRATEURS
PANÉLISTES
Lors du Sommet de Paris sur le financement des économies africaines qui s’est tenu en mai dernier, le FMI a annoncé la mise à disposition de 33 milliards de dollars US de nouveaux DTS pour les pays africains (sur une émission globale de 650 milliards de dollars US de nouveaux DTS pour l’ensemble de ses membres). Si ce montant est bienvenu pour aider ces pays à surmonter les conséquences d’une crise sanitaire et économique qui s’aggrave sur le continent, il n’est pas suffisant et appelle les pays riches à réfléchir à réallouer une partie de leurs nouveaux DTS aux pays les plus pauvres et vulnérables. Lors du Sommet de Paris, les chefs d'État se sont à ce titre engagés à augmenter considérablement le montant de l'allocation de DTS qui parvient finalement aux pays africains.
Cette idée, si elle est mise en œuvre, nécessite de s’interroger sur trois points essentiels: 1. Par quel canal doivent être distribués ces DTS ?; 2. Que doivent-ils financer ?; 3. Sur quels critères les réallocations seraient-elles effectuées ?
Organisée conjointement par le Center for Global Development et la Fondation pour les études et recherches sur le développement international, cette table ronde a porté sur le financement des économies africaines par l'émission et l'allocation de DTS (droits de tirage spéciaux) du FMI et a examiné les possibilités et les défis à venir pour une réaffectation efficace des DTS afin d'aider les pays vulnérables. L'événement a réuni des économistes et des décideurs politiques experts en la matière, ayant une expérience des outils de financement du FMI et des DTS.
L’exposé fait par la représentante du FMI a fait apparaître les avantages que présente la création d’une nouvelle facilité qui serait consacrée à la résilience des pays pauvres (à côté du PRGT et analogue à lui) et serait alimentée par les réallocations volontaires de DTS. Cette solution permettrait notamment la coordination entre les réallocations des pays qui accepteraient d’y procéder et leur insertion cohérente dans le système multilatéral de financement du développement. Les DTS étant émis pour constituer des réserves de change pour les pays bénéficiaires, il est naturel que leur allocation finale tienne compte de la vulnérabilité de ces pays aux chocs exogènes, laquelle risque d’affecter leur balance des paiements.
Il est aussi ressorti de la réunion une forte demande de faire passer la réallocation des DTS par l’intermédiaire des banques (multilatérales) de développement. Si cette demande doit être entendue il est légitime qu’elle soit conditionnée par un engagement de ces banques d’opérer la réallocation en tenant compte de la vulnérabilité des pays bénéficiaires.
Une autre conclusion forte de la réunion est que la mise en œuvre d’un nouveau fonds consacré à promouvoir la résilience des pays vulnérables, fonds qui serait destinataire des réallocations volontaires, doit être conçu comme un élément important de réforme du système de financement international du développement, mais que cela nécessitera du temps. Ce n’est donc pas de cette mise en œuvre que l’on peut attendre une réponse immédiate aux besoins urgents de financement des pays pauvres et vulnérables.
Il faut espérer que ce temps de maturation permettra de tenir compte de la vaste réflexion entreprise dans le cadre des Nations unies pour disposer d’un indicateur multidimensionnel de vulnérabilité susceptible de servir à l’allocation des financements internationaux concessionnels, comme à l’éligibilité des pays à ceux-ci . Il serait logique d’aboutir à un consensus international sur une formule d’allocation ou de réallocation des nouvelles émissions de DTS prenant explicitement en compte cette vulnérabilité multidimensionnelle, en même temps que la capacité ou la performance des pays pour diminuer leur vulnérabilité.