
La finance climat distingue l’atténuation du réchauffement climatique et l’adaptation des économies à ce réchauffement. Seule l’atténuation contribue à la préservation d’un bien public mondial (BPM : une ressource, un bien ou un service bénéficiant à tous, dont l'exploitation ou la préservation peuvent justifier une action collective internationale[1] ; ici, le maintien des températures à un niveau favorable à la vie humaine). L’adaptation, quant à elle, est la correction des externalités négatives (une activité qui engendre des coûts négatifs qui sont supportés non pas par la personne physique ou morale qui génère/crée l’activité mais par l’ensemble de la communauté touchée par ces conséquences négatives) due à la hausse des températures, autrement dit à l’insuffisance de la politique d’atténuation. Les effets négatifs du changement climatique diffèrent d’un pays à l’autre. Ainsi une politique d’adaptation vise un impact local, contrairement à la politique d’atténuation dont l’objectif est mondial. Parce qu’ils sont peu responsables du stock mondial de carbone mais fortement exposés aux impacts du changement climatique, les pays en développement revendiquent depuis longtemps une part plus importante des financements internationaux pour l’adaptation.
Cet article propose une évaluation empirique originale des flux internationaux de finance climat dédiés à l’adaptation sur la période 2019–2023. Les auteurs ont construit une base de données harmonisée à partir des sources du TOSSD et du SNPC du CAD de l’OCDE. À travers un panorama des différents flux de financements (dons, prêts concessionnels, prêts non concessionnels) accordés par les différents types de bailleurs (bilatéraux, multilatéraux…) et une analyse des différents canaux d’acheminement des flux ainsi que leur affectation sectorielle, les auteurs étudient les grandes caractéristiques de l’allocation géographique des fonds (par continents et par niveau de revenu par tête des pays bénéficiaires). Enfin, les auteurs abordent le point le plus important, constitué par la répartition des flux selon la vulnérabilité physique des pays au changement climatique. Il s’agit ainsi d’apprécier l’adéquation de la finance-climat destinée à l’adaptation avec les besoins relatifs des pays en développement.
Le principal résultat observé/conclusion est que la finance climat pour l’adaptation bénéficie insuffisamment aux pays les plus pauvres et les plus vulnérables, en raison d’une part excessive des prêts (notamment non concessionnels) au détriment des dons ou l’aide en générale. Elle soulève la question de la responsabilité particulière des bailleurs multilatéraux dans ce constat.
[1] Définition du Ministère de la Culture : https://www.culture.fr/franceterme/terme/AFET15
Hos T., Guillaumont Jeanneney S., Pugnet C. (2025) "La finance internationale pour l’adaptation au changement climatique face aux besoins des pays en développement", Document de travail Ferdi P362, décembre.