Cet article présente une méthode originale d’évaluation de l’impact des projets d’aide au développement dans les zones fragiles et difficiles d’accès, sur la base d’un exemple appliqué aux pays du G5 Sahel.
Sur la base de données géolocalisées et en utilisant des informations détaillées sur les projets de la Banque mondiale fournies par AIDDATA, des enquêtes périodiques (DHS, EPA) et des données sur la luminosité nocturne, cet article montre qu’il est possible de mener des évaluations d’impact à coût limité et en respectant les contraintes méthodologiques de ce type d’évaluations, notamment :
- le problème lié à la définition d’un contrefactuel. Il est possible de localiser les individus par rapport à l’emplacement du projet, et la définition d’un rayon d’action permet d’identifier deux groupes (un groupe traité et un groupe de référence). La définition d’un troisième groupe, constitué de projets prévus mais non démarrés (avec l’hypothèse que l’implémentation d’un projet d’aide de la Banque mondiale est fortement corrélée avec les caractéristiques préexistantes des zones), permet, grâce à l’emploi d’une évaluation double différence, d’estimer l’impact marginal des projets ;
- la nécessité d’observer les différents groupes, au moins avant et après la mise en place des projets. Une solution est trouvée à travers la localisation des individus et l’utilisation de données d’enquêtes périodiques indépendantes ;
- enfin, les coûts souvent très élévés liés à la collecte des données et au suivi des groupes. Les informations sur la localisation, les dates de début et de fin des projets d’aide, ainsi que des enquêtes périodiques, indépendamment des projets et très souvent en accès libre, sur les conditions de vie des ménages, suffisent pour méner une étude d’impact de qualité.