L’article met en lumière les interactions entre aide au développement et paix ou sécurité. Il part d’une double constatation: d’une part les actions sécuritaires ne suffisent pas à juguler l’insécurité au Sahel, d’autre part le développement et l’emploi ne suffisent pas à empêcher l’extrémisme violent. Des dynamiques socioculturelles sont à l’œuvre dans tout le Sahel, et les politiques sectorielles ou structurelles les prennent aujourd’hui mal en compte. A partir de plusieurs cas concrets, l’étude montre que l’aide au développement est susceptible de nuire et d’accentuer les tensions qui existent au Sahel par ses actions ou les comportements de ses agents, notamment lorsque ces tensions sont issues de discriminations (réelles ou perçues) entre les groupes. Il est urgent que les agences d’aide intègrent une démarche sensible au contexte d’intervention dès la conception des programmes. Cela impose d’associer des analyses détaillées des conflits et des jeux d’acteurs aux analyses sectorielles, en amont des programmations et tout au long de la conduite du projet ; de construire les programmes en réponse aux facteurs de tension et aux facteurs de paix identifiés ; de faire évoluer les processus institutionnels pour permettre une grande réactivité dans des contextes instables. A l’instar du médecin sur le corps d’un patient, l’aide internationale doit s’attacher au minimum à « ne pas nuire », et autant que possible à traiter les causes des conflits et de l’insécurité.
Brachet, A. (2016) "Les impacts de l’aide au développement sur les conflits et l’insécurité au Sahel. Peut-on faire autrement ?" Ferdi Document de travail P170, octobre 2016