Pour s'assurer que les financements climat sont additionnels par rapport au financement du développement et qu'ils sont alloués efficacement et équitablement, il convient de distinguer selon qu'ils visent l'atténuation ou l'adaptation, mais aussi de savoir s'il s'agit d'un objectif principal ou occasionnel, ce qui dans le premier cas s'accompagne généralement de conditions concessionnelles. L'atténuation, qui vise à préserver un bien public mondial, doit être dotée d'une enveloppe mondiale spécifique (non incluse dans l'aide publique au développement) et être allouée selon des critères d'efficacité projet par projet par des institutions agréées. Le financement de l'adaptation doit lui-même être doté d'une enveloppe mondiale au moins égale ; s'il est concessionnel, il doit être réservé aux pays à faible revenu et aux autres pays ne contribuant quasiment pas aux émissions de CO2 et leur être alloué principalement en fonction de leur vulnérabilité physique au changement climatique. Quant au financement des pertes et des dommages (dus au changement climatique), il devrait principalement être intégré au financement de l'adaptation et pour le reste venir renforcer les mécanismes existants de réponse aux chocs, climatiques ou autres. Les flux correspondant à chaque enveloppe devraient être utilisés selon des modalités et des conditionnalités distinctes.
Guillaumont P., Guillaumont Jeanneney S. (2023) « Les financements climat entre ubiquité et exiguïté : enjeux politiques de leur définition »,Revue d'économie financière 2023/3, vol. 151, pp. 25-237.