Industrialisation et transformation structurelle : l’Afrique subsaharienne peut-elle se développer sans usines ?

Après une « génération perdue », l’Afrique subsaharienne (ASS) semble être engagée dans un « décollage économique » depuis le début du siècle. Un changement de cap drastique dans les politiques économiques, marqué par l’adoption de politiques macroéconomiques prudentes, la libéralisation commerciale et l’élimination de la plupart des entreprises d’État et des monopoles d’exportation, ont permis de réduire les distorsions, l’incertitude et les coûts de transactions. Si les comportements prédateurs, la recherche de rentes à court terme et la corruption restent fréquents, une philosophie protectionniste et interventionniste peu compatible avec les capacités de gestion publique a fini par faire place à un consensus assez général autour du laissez-passer et du laissez-faire. Les réformes ont permis au PIB par habitant de renouer avec la croissance dans presque tous les pays du continent, à un rythme avoisinant en moyenne plus de 2 % par an depuis le milieu des années 1990, les flux d’IDE dépassant trente milliards de dollars en une décennie, soit cinq fois plus que dans la décennie précédente. Le retour de la croissance a permis une réduction, bien que limitée, de la pauvreté absolue, dont l’incidence est passée de 57 % à 41 % en moins de vingt ans. Dans le même temps, l’incidence des violences a baissé considérablement, le nombre annuel de guerres civiles baissant de moitié, et la démocratie a progressé dans de nombreux pays du continent.
Citer

Cadot O., De Melo J., Plane P., Wagner L., Woldemichael M.T., (2016) "Industrialisation et transformation structurelle : l’Afrique sub-saharienne peut-elle  se développer sans usines ?", Revue d'Economie du développement,  (vol. 24), pp. 19-49