Deux hypothèses semblent se confirmer. D’abord la propagation de l’épidémie en Afrique et son impact sanitaire direct sont moins importants qu’on ne le craignait initialement, même si dès à présent une violence sociale apparaît dans certains pays due à la gestion de l’épidémie et à ses conséquences sur les modes de vie. Ensuite et surtout l’impact de la crise économique mondiale engendrée par la pandémie sur les économies africaines risque d’être dramatique, engendrant des effets sur la santé et la mortalité africaines bien supérieurs à ce que directement entraîne la propagation de l’épidémie, cela même si la communauté internationale semble s’engager à apporter un soutien financier important aux pays africains.
Ce bref éditorial s’accompagne de la publication sur le site de la Ferdi d’un important document de Jean-Michel Severino, cri d’alarme vigoureusement argumenté face à la crise qui menace l’Afrique. L’article souligne le risque de destruction du tissu de petites et moyennes entreprises qui s’était constitué depuis le début du siècle et était la promesse d’un développement durable. Jean-Michel Severino suggère les moyens de conjurer cette menace. Son article est publié aujourd’hui sur le site de la Ferdi en français et en anglais sur le site du Center for Global Development, avec qui nous nous réjouissons de coopérer à cette occasion.
Dans mon précédent édito j’avais suggéré que la politique de lutte contre le Covid19 menée au Nord par confinement, en raison de la récession qu’elle entraîne et qui se transmet au Sud où elle est source de surmortalité, avait pour effet de transférer au Sud la surmortalité imputable au virus qui était évitée au Nord. Cet argument est développé dans une brève qui présente un modèle théorique simple pour expliquer l’enchaînement qui conduit à ce résultat. Cette brève est destinée à être prolongée par une recherche plus approfondie et nourrie d’informations mises à jour.
Pour appeler à plus de recherche sur ce point une brève de Sosso Feindouno examine ce qui ressort des travaux existants quant à l’impact sur la mortalité africaine d’une baisse importante des revenus (prochainement sur le site internet de la Ferdi).
Dans sa note mensuelle qu’il nous autorise aimablement à reproduire, Paul Derreumaux à travers ses « Scènes de rue à Bamako par temps de Covid » livre un raccourci concret et lumineux des conséquences socio-économiques directes et indirectes que l’épidémie et la récession ajoutent aux défis politiques internes du Mali.
Dans le grand débat qui s’ébauche sur l’avenir du multilatéralisme après le Covid 19, la Chine cesse d’être perçue comme l’origine de la pandémie pour apparaître comme un acteur majeur de la solution que la communauté internationale cherche à apporter. L’évolution de la politique de la Chine à l’égard de la dette africaine où sa place est importante fait l’objet d’une brève de Jacky Mathonnat qui en analyse aussi les implications pour la politique chinoise ultérieure d’aide au développement.
Sur plusieurs de ces questions nous nous permettons de vous donner rendez-vous le mardi 16 juin à 16 heures (Heure Paris GMT+2) pour ou un webinaire que la Ferdi organise pour le Labex IDGM+ sur le thème « Adapter le financement international du développement aux vulnérabilités nouvelles». Pour en traiter de façon interactive, sera réuni un panel de grands experts internationaux qui sont aujourd’hui au cœur du sujet. Ce webinaire est le troisième d’une série portant sur « Le financement de l’Agenda 2030 dans un monde vulnérable », en remplacement de la conférence qui devait se tenir sur ce sujet en juin.
A mardi,
Patrick Guillaumont