Forum des marchés émergents

26 mars 2017 > 27 mars 2017, Abidjan

Intervention de Patrick Guillaumont sur la démographie et l’urbanisation et de Tertius Zongo sur la nécessaire amélioration de la qualité de l’éducation

Le Forum des Marchés Émergents permet de réunir chaque année des décideurs politiques et des leaders du monde des affaires afin de débattre des questions économiques et sociales auxquelles les économies émergentes sont confrontées. Cette année, le forum était accueilli par la Côte d’Ivoire et a été ouvert par le Président Alassane Ouattara, Niale Kaba, Ministre du plan et du développement, Harinder Kohli, Directeur général du forum des marchés émergents, et K. Y. Amoako, Président de l’African Center for Economic Transformation.

Démographie et urbanisation: le défi de l'emploi

Patrick Guillaumont, Président de la Ferdi est intervenu lors la première session portant sur la démographie et l’urbanisation : le défi de l’emploi.

Les intervenants sur cette session étaient :

Présidence: Niale Kaba, Ministre du Plan et du développement de Côte d’Ivoire

Présentation: Hedi Larbi, ancien Ministre tunisien de l'Équipement, de l'Aménagement du territoire

Discutants: Abdoulaye Bio Tchane, ancien Ministre de l'Economie et des finances, Patrick Guillaumont, Président de la Ferdi, Mamadou Lamine Loum, ancien Premier ministre du Sénégal.

Intervention de Patrick Guillaumont :

Rappelant en préambule les chiffres du rapport de Gregory K. Ingram dont les projections de croissance démographique estiment d’ici 2050 la multiplication par 2,5 de la population des régions subsahariennes et par 4 la population des villes de ces régions, Patrick Guillaumont a souligné le caractère évolutif de ces prévisions.

En effet, alors que la première projection (multiplication par 2,5 de la population des régions subsahariennes d’ici 2050), basée sur des prévisions de fécondité, peut être considérée comme assez robuste, la seconde prévision (multiplication par 4 de la population des villes d’ici 2050), basée sur des prévisions de fécondité et de migration, comporte une marge d’erreur plus importante et ne doit pas être considérée comme une donnée : celle-ci peut-être plus forte encore, ou moindre, selon ce que sera le développement des zones rurales.

Ainsi, investir de façon importante et anticipée dans les infrastructures urbaines est certes souhaitable mais en faire une priorité absolue sans prendre garde au développement des zones rurales risque l’alimenter un cercle vicieux où les populations seront de plus en plus poussées vers les villes.

A l’inverse le développement rural aura un double effet sur l’urbanisation : que la fécondité reste inchangée ou diminue, le développement rural permettra une baisse de la pression migratoire vers les villes.

Trois points étayent cet argument :

1/ La croissance de la population urbaine crée une grave menace pour la sécurité alimentaire, d’autant plus qu’elle s’accompagne d’une augmentation encore plus forte de la superficie occupée par les villes

2/ Les migrations et l’urbanisation sont influencées de façon importante par le manque de développement rural, en particulier par la faiblesse relative des revenus agricoles, par leur instabilité due aux prix ou aux conditions climatiques, par la mauvaise qualité des services publics et par l’insécurité, tous facteurs qui ont tendance à se dégrader, en particulier dans les zones sahéliennes.

3/ Le développement rural est possible en beaucoup de régions africaines, en particulier en zone sahélienne, à condition d’investir massivement dans l’irrigation, l’énergie et les moyens de communication. A noter que l’aide extérieure a souvent délaissé l’agriculture, et le léger infléchissement récent reste tout à fait insuffisant.

En conclusion, pour planifier des villes « vivables », il faut prioritairement un développement rural. Miser seulement sur le développement urbain en anticipant un accroissement de la population des villes serait une menace à long terme pour les villes africaines.

Développer le capital humain : Améliorer la qualité de l’éducation

Tertius Zongo, ancien Premier ministre du Burkina Faso, Senior fellow Ferdi et co-auteur sur le plaidoyer pour la sécurité et le développement au Sahel est intervenu lors la session portant sur le développement du capital humain et l’amélioration de la qualité de l’éducation.

Les intervenants sur cette session étaient :

Présidence : Sidi Toure, Ministre de la promotion des jeunes, de l’emploi et du service civique de Côte d’Ivoire

Présentation: Ritva Reinikka, ancien Directeur du groupe Développement humain pour la région Afrique, Banque mondiale

Discutants: Masahiro Hara, Consultant sénior à l’agence de coopération internationale du Japon (JICA); Jean-Louis Sarbib, Directeur exécutif du Development Gateway; ancien Vice-président de la Banque mondiale, Tertius Zongo, ancien Premier ministre du Burkina Faso.