Comment renforcer la compétitivité durable en Afrique ?

26 septembre 2017, Paris

L’Observatoire de la compétitivité durable, un instrument au service de l’émergence continentale

L'Agence française de développement (AFD), la Fondation pour les études et recherches sur le développement international (Ferdi) et AfricaFrance ont organisé une conférence sur la compétitivité en Afrique : Comment renforcer la compétitivité durable en Afrique? 

26 septembre 2017, 17:30 – 19:30, Lieu : salle Mistral-AFD (Paris)

Après deux décennies de progrès significatifs ponctués par l’augmentation des revenus par habitant et le recul de la pauvreté,  l’Afrique est confrontée  aujourd’hui aux effets d’un net ralentissement de sa croissance économique. Alors qu’au cours de la dernière décennie le taux de croissance moyen y était de 6%, la fin du « super cycle » des matières premières est la principale cause d’un brutal ralentissement observé avec seulement 3,5% de croissance en 2015 et à peine 1,5% pour 2016 selon les statistiques récentes du FMI.

Retrouver le chemin d’une croissance durable implique de redoubler d’efforts et d’amplifier les réformes engagées dans de nombreux domaines, notamment ceux en relation avec l’objectif de diversification des systèmes productifs et plus encore des exportations encore trop dépendantes des matières premières.

Objectifs de la conférence

  • Dresser un état des lieux des performances continentales sur les 20 dernières années en pointant les hétérogénéités régionales.
  • Eclairer cet état des lieux et situer chacun des 54 pays africains sur une carte de compétitivité durable, paramètre essentiel qui conditionne l’accélération de la croissance. Cette compétitivité peut s’analyser à travers la grille de lecture que propose l’Observatoire de la Compétitivité Durable (OCD) de la FERDI, un instrument articulé autour de la compréhension des vulnérabilités climato-économiques et politiques, de l’attractivité des territoires et de la compétitivité prix.

Un évènement animé par Sabine Cessou, journaliste

  • Mot de bienvenue : Vincent Caupin, Responsable de division, AFD et de Patrick Guillaumont, Président , FERDI
  • Présentation de l’OCD : Patrick Plane, Responsable du programme compétitivité, FERDI

Panel de discussion :

  • Patrick Plane, Responsable du programme compétitivité, FERDI
  • Jean-Michel Debrat, Directeur Général, AfricaFrance
  • Ludovic Moriniere, Senior Manager Bearing Point
  • Marie-Héléne Loison, Directrice Méditerranée et Moyen-Orient, AFD
  • Christophe Angely, Directeur de la stratégie, FERDI

 L'Observatoire de la compétitivité durable 

Quels sont le potentiel, la compétitivité et la capacité d’intégration économique du continent africain dans l’économie mondiale ?

Créée par les experts de la FERDI, avec le soutien de l’AFD et de la Fondation AfricaFrance, l’Observatoire de la compétitivité durable (OCD) apporte des réponses en s’appuyant sur des données fiables et détaillées. Il constitue un outil d’analyse unique, complet par rapport aux autres bases existantes ne traitant qu’une partie spécifique de la compétitivité durable. L’Observatoire fournit des données permettant de mesurer et de comparer la capacité d’intégration à l’économie mondiale des 54 pays africains qui sont, pour la plupart, de petite taille, peu diversifiés et dont le marché du travail est confronté à la problématique de l’insertion d’une population active large et en croissance rapide. L’instrument met à la disposition des acteurs une batterie d’environ 200 indicateurs articulés autour de la compréhension des vulnérabilités climato-économiques et politiques, de l’attractivité des territoires et de la compétitivité prix.

Cet outil, destiné à appuyer le processus d’émergence des pays africains, a été présenté à l’occasion de cette conférence qui traitera du renforcement de la compétitivité durable en Afrique. Les intervenants discuteront autour d’une table ronde des leviers, dynamismes et projections pour développer une compétitivité soutenable des pays africains, propice à leurs aspirations de développement. Compte tenu de l’attractivité croissante du continent africain, un état des lieux des contraintes et bénéfices potentiels pour les investisseurs publics et privés sera également présenté.

https://competitivite.ferdi.fr/


Compte rendu

Le 26 septembre 2017, devant une soixantaine d’universitaires, de praticiens du développement et d’entrepreneurs conviés à la salle Mistral de l’Agence Française de Développement (AFD), la Ferdi a lancé l’Observatoire de la compétitivité durable (OCD). Animée par Sabine Cessou (journaliste à RFI), la conférence de lancement intitulée «comment renforcer la compétitivité durable en Afrique ? » a réuni Jean-Michel Debrat (Fondation AfricaFrance), Marie-Hélène Loison (AFD), Patrick Plane (Directeur de recherche CNRS - Responsable du programme OCD à la Ferdi), Ludovic Morinière (BearingPoint) et Christophe Angely (Ferdi).

Après les mots de bienvenue de Vincent Caupin (AFD) et de Patrick Guillaumont, Patrick Plane a présenté l’OCD [voir sa présentation power point] , un outil statistique créé par la Ferdi avec le soutien de l’AFD et AfricaFrance, dont l’ambition est de se différencier en les complétant les bases données existantes donnant trop d’importance aux parts de marché et à l’attractivité.  L’OCD quant à lui, met l’accent sur le caractère durable de la compétitivité en combinant les dimensions attractivité, compétitivité prix et vulnérabilité.

Pourquoi la durabilité de la compétitivité ? L’OCD se veut réducteur de l’incertitude dont souffrent les 54 pays africains, il est donc important d’avoir des éléments de mesure de la vulnérabilité pour que les entreprises soient pérennes.

D’où proviennent les données ? Les données utilisées viennent des grands organismes internationaux mais également des indicateurs développés par la Ferdi ou de collectes spécifiques. Les chiffres devant toujours être lus avec prudence, l’OCD élimine dans son approche conceptuelle les indicateurs présentant de fait une part de subjectivité — principalement les indicateurs basés sur des enquêtes d’opinions —, procède à des retraitements et effectue un recoupement en interaction avec le tissu local. L’OCD n’est donc pas une base de données de plus, il bénéficiera de mises à jour régulières et donnera lieu à l'édition d’un rapport avec les faits marquants de l’année. En résumé, l’OCD essaie de pallier l’absence de données fiables pour les investisseurs en Afrique, il servira donc aux entreprises privées, aux institutions multilatérales et aux administrations publiques pour déterminer où investir en Afrique ou aménager un territoire.

Que nous dit l’OCD ? Les pays sahéliens concentrent les vulnérabilités. L’attractivité est quant à elle, essentiellement l’apanage des pays côtiers, ces derniers restent toutefois loin des standards indien ou chinois. La meilleure compétitivité prix est pour l’Afrique du Nord et l’Afrique du Sud. L’analyse des coûts de facteurs de production révèle que l’Afrique souffre de coûts élevés sur les Technologies de l'Information et de la Communication (TIC), alors que les salaires y sont peu élevés et les prix de l’électricité valent ceux de l’Inde et de la Chine. L’accès à l’électricité reste néanmoins le plus grand obstacle. Une relance durable de la compétitivité nécessiterait un renforcement de la qualité du capital humain, la diminution des vulnérabilités -notamment de l’insécurité au sahel- un élargissement de la production de biens échangeables dans les trois secteurs d’activité et une baisse des coûts des consommations intermédiaires (électricité, TIC, transport et logistique, etc).

Les intervenants se sont ensuite exprimés en table ronde, animée par Sabine Cessou, où il a été évoqué entre autres la question du franc CFA, la montée en puissance du secteur des services au détriment d’une désindustrialisation précoce des économies africaines, la différence de performance économique entre les pays francophones et anglophones d’Afrique, l’emploi de jeunes et la formation de la main d’œuvre. Marie-Hélène Loison a mis en relief l’impact qu’un bailleur de fonds peut avoir sur certaines variables de la compétitivité par le biais d’investissement dans le domaine de la formation professionnelle et de la gouvernance des entreprises. Pour Jean-Michel Debrat et Ludovic Morinière, il n’est pas prouvé que les pays d'Afrique anglophone fassent mieux que les francophones. Il faut sortir de ces comparaisons stériles. En effet, la place de l’entreprise dans les différents pays n’est pas la même, mais les résultats varient dans le temps et la langue n’a rien à voir avec croissance et développement. La question doit se poser pays par pays et porter sur l’énergie, les infrastructures, etc. En ce qui concerne le Franc CFA, l’OCD ne traite pas intrinsèquement la question. Cependant, Christophe Angely a rappelé que le débat sur la monnaie n’est pas nouveau, il arrive par vagues. Aujourd’hui, le débat est politique et il n’est pas prouvé en Zone Franc que la dévaluation de la monnaie augmenterait la compétitivité.

Jean-Michel Debrat a clôturé la conférence en précisant que l’OCD répond à une attente réelle et produit des données qui  permettent des questionnements tout en diminuant in fine le sentiment de méconnaissance pour toutes entreprises étrangères voulant s’installer en Afrique.