L’évolution erratique de la monnaie Bitcoin a récemment jeté un coup de projecteur sur la technologie blockchain dont la célèbre cryptomonnaie est l’application la plus connue. Présentée comme une révolution disruptive par ses promoteurs, cette technologie permet la création de registres numériques infalsifiables, immuables et historicisés, et promets de pallier le déficit de confiance qui freine trop souvent les transactions. Cette note présente brièvement le concept de blockchain et en discute les implications en matière de coopération au développement. Sur le papier, l’intérêt de mettre en place un tel registre numérique est effectivement important. Pour le développement, une blockchain a principalement quatre applications possibles. Elle peut être utilisée comme outil de transfert de valeurs pour réduire le coût, accélérer la rapidité et améliorer la traçabilité des transactions. Elle peut également être utilisée comme outil de suivi de projets, d’identification d’individus ou d’enregistrement de droits de propriétés ou de sociétés. Cette technologie pourrait ainsi contribuer à faciliter ces services et réduire fortement le coût de leur délivrance. Elle permet en outre la mise en place de contrats à exécution automatisée, notamment dans le secteur de l’assurance. Elle offre enfin des perspectives de désintermédiation financière en promettant de relier directement investisseurs et emprunteurs. Le potentiel de gains d’efficacité et de transparence explique l’intérêt croissant pour la blockchain. Cependant, de nombreuses limites freinent encore son déploiement à grande échelle : elle nécessite des besoins importants en infrastructures télécom et un réseau électrique fiable, elle engendre aujourd’hui une consommation d’énergie très élevée, et sa gouvernance et sa régulation par les autorités publiques posent question. Considérée aujourd’hui comme immature, elle semble prometteuse sous conditions.