Face à la crise quelles priorités dans l'allocation de l'aide ?

1 décembre 2008, Doha

Evénement organisé par la Ferdi en parallèle à la conférence des Nations Unies sur le financement international du développement

A la demande du Ministère français des Affaires Etrangères et Européennes, la FERDI a organisé le lundi 1er décembre 2008 à Doha lors de la Conférence Internationale sur le Financement du Développement un Side Event sur le thème : «Face à la crise, quelles priorités dans l’allocation de l’aide ?»

La Conférence de Doha a été conçue dans un contexte international qui vient d'être sérieusement modifié par la crise financière et les menaces de récession mondiale qui en découlent. Cette situation nouvelle risque de compromettre gravement les progrès déjà insuffisants des pays pauvres vers les OMD. Elle invite à réfléchir sur la façon dont l'aide doit être adaptée pour répondre le plus efficacement au défi ainsi créé. En d'autres termes l'aide est-elle à même de jouer dans la conjoncture présente le rôle d'assurance qui lui a souvent été attribué? Deux réponses sont concevables, l'une ex ante, l'autre ex post.

La première consiste à donner une priorité dans l'allocation géographique de l'aide aux pays qui risquent le plus d'être touchés par la crise ou tout autre choc d'effet similaire, c'est-à-dire aux pays pauvres les plus vulnérables, qui le plus souvent appartiennent à la catégorie des pays les moins avancés (PMA). Or généralement la vulnérabilité structurelle aux chocs exogènes n'est pas incluse par les bailleurs de fonds parmi les critères d'allocation de leur aide. Une réforme en ce sens des critères et formules d'allocation n'est-elle pas souhaitable, comme d'ailleurs le recommande le rapport du Secrétaire Général des Nations Unies pour le « Development Cooperation Forum » organisé par l'ECOSOC en juin-juillet dernier ? L'indice de vulnérabilité économique (EVI) élaboré aux Nations unies pour l'identification des PMA pourrait servir à cette fin.

La seconde réponse consiste à réactiver les instruments financiers d'aide compensatoires des chocs qui sont restés jusqu'à ce jour en grande partie inopérants ou insuffisants. La facilité pour les chocs exogènes du FMI, créée fin 2005 (plus concessionnelle que l'ancien financement compensatoire très peu utilisé, et modifiée en septembre 2008) est-elle adaptée pour répondre à des chocs importants dans des pays à faible revenu? A quelles conditions et après quelle réforme éventuelle le mécanisme de vulnérabilité "V FLEX" adopté par l'Union européenne pourrait-il être mobilisé rapidement et efficacement? D'autres mécanismes sont sans doute utilisables. Les aides budgétaires peuvent être plus rapidement déboursées que les aides-projets ou programmes. Mais cela ne dépend-il pas du type de conditionnalité qui leur est associé, l’accélération étant plus facile si la conditionnalité porte sur les résultats plutôt que sur les instruments ? Les « prêts contracycliques » accordés depuis peu par l'AFD constituent une innovation utile mais ne peuvent encore apporter qu'une réponse limitée. La garantie monétaire peut elle-même être une forme d'assurance efficace.

Animé par le Professeur Patrick Guillaumont, Président de la FERDI, qui en assurait aussi la présentation liminaire, l’atelier a permis de réunir des personnalités de haute qualité, parmi lesquelles plusieurs ministres de pays en développement africains ainsi que des représentants d’institutions internationales. Le gouvernement du Sénégal, avec qui la FERDI a organisé fin octobre une Conférence internationale à Dakar sur « l'accélération des déboursements et l’efficacité de l’aide », ainsi que les gouvernements du Burkina Faso et du Niger avaient en effet bien voulu s'associer à la préparation de cet atelier, auquel le Département des Affaires Economiques et Sociales (DESA) des Nations unies et diverses institutions internationales (FMI, Banque Mondiale, BAD, Commission européenne,…) ont aimablement accepté d'apporter leur concours.

Panélistes

Sont intervenus comme « panélistes »

  • Rob Vos, Director Development Policy and Analysis Division, DESA, Nations Unies, 
  • Gnounka Toure Diouf, Ministre-Conseiller, Chargée des Affaires Economiques à la Présidence de la République du Sénégal, 
  • Ali Lamine Zeine, Ministre de l'Economie et des Finances du Niger, 
  • Richard Auguste Onouviet, Ministre de la Planification et de la Programmation du Développement du Gabon, 
  • Jeffrey Lewis, Head International Policy and Partnership Group de la Banque mondiale, 
  • Bernard Petit, Directeur Général adjoint du Développement à la Commission européenne, 
  • Benoît Coeuré, Chef du Service des Affaires Multilatérales et du Développement à la DGTPE, au Ministère de l’Economie et des Finances français.
Le débat

Le débat qui a suivi les présentations, bien que limité par le temps, a pu tirer le plus grand bénéfice des contributions et des présences de Abou-Bakar Traore, Ministre des Finances du Mali, de Abdoulaye Toure, Directeur National du Budget du Mali, de Sidi Ould Behaba Ould Tah, Ministre des Affaires Economiques et du Développement de Mauritanie, de Jean-Marie Ehouzou, Ministre des Affaires Etrangères du Bénin, ainsi que des représentants de différentes institutions internationales, de bailleurs de fonds bilatéraux et de la société civile.