L’agenda était centré sur quatre questions :
L’atelier a réuni des chercheurs et des acteurs du développement, pour discuter de ces questions sous la forme de présentations, discussions, et consultations en panel. L’ambition, dix ans après la publication du Rapport sur le Développement dans le Monde, est d’ouvrir de nouvelles perspectives pour que l’agriculture joue pleinement son rôle au service du développement.
Ceci a lieu non seulement dans les pays industrialisés mais aussi dans les pays en voie de développement, y compris en Afrique sub-Saharienne où l’agriculture est dominée par les entreprises familiales. Ces changements ont leur origine dans l’augmentation des revenus, l’urbanisation, les nouveaux régimes alimentaires avec la consommation d’une plus grande diversité de produits, et la révolution de la distribution avec la présence croissante des supermarchés. Ces changements créent des gains évidents pour les consommateurs, mais aussi une nouvelle réalité pour les paysans à laquelle ils doivent s’adapter, ce qui implique une menace pour leur survie s’ils ne le font pas et une opportunité de gains de revenu s’ils le font. La menace est d’être « remplacée » dans leur accès aux consommateurs domestiques par des aliments importés et une production domestique dans des systèmes verticalement intégrés. Avec la petite agriculture incluant la grande majorité des pauvres à l’échelle mondiale, les implications sociales de l’échec peuvent être énormes, devenant la source de tensions sociales et d’une émigration rurale massive. L’opportunité est d’accéder à des marchés dynamiques et rémunérateurs qui rendent possible l’adoption du changement technologique, la diversification des systèmes de production, l’investissement dans l’amélioration de la qualité, avec pour résultat l’amélioration des standards de vie. Pour que les opportunités prennent le pas sur les menaces, l’inclusion de l’agriculture familiale et sa réactivité face à l’évolution des chaines de valeurs alimentaires sont essentielles. Dans ce contexte, différents paramètres ont un rôle important comme les organisations de producteurs, la contractualisation, la reconnaissance de la qualité, et l’adoption de nouvelles technologies.
Le 15 novembre 2018, La Ferdi en partenariat avec l'AFD a organisé à Paris un atelier sur les chaines de valeurs agricoles et la compétitivité de l'agriculture familiale.
Ce rendez-vous annuel sur des sujets liés au rôle de l'agriculture pour le développement proposé par la Ferdi avec le concours d'Alain de Janvry et Elisabeth Sadoulet a pour objet de faire un état des lieux régulier de la recherche sur le sujet et d'examiner comment les résultats de la recherche peuvent intervenir pour l'amélioration des politiques publiques.
L'objectif de l'atelier "Chaines de valeurs agricoles et compétitivité de l'agriculture familiale" était de définir comment inclure les petits agriculteurs des pays en développement aux nouvelles chaînes de valeur agricoles et comment utiliser cette inclusion comme un instrument de modernisation de cette petite agriculture?
L'atelier était organisé en deux sessions -l'une sur l'impact des chaines valeurs sur le développement, la seconde sur les mesures à mettre en œuvre pour impliquer les petits producteurs à participer aux chaines de valeurs- et une table ronde réunissant des acteurs du développement impliqués dans cet effort: la fondation Avril, la fondation Farm et Proparco de l’AFD.
L'atelier a réuni un public d'une quarantaine de personnes autour des intervenants :
L'atelier s'est attaché à déterminer la contribution des chaines de valeur agricoles à la croissance agricole et la réduction de la pauvreté, et à la manière dont les petits producteurs peuvent être associés à ces chaines. Pourquoi un atelier sur les chaines de valeurs agricoles?
En introduction, Patrick Guillaumont (Ferdi) a rappelé la publication prochaine du rapport annuel de la Banque mondiale sur le développement dans le monde. Ce rapport portera spécifiquement sur les chaines de valeurs et ne fait pourtant mention nulle part de l'agriculture. Or, depuis plusieurs années les recherches et notamment celles d'Alain de Janvry et Elisabeth Sadoulet, tendent à montrer le rôle capital que l'agriculture peut jouer pour la croissance économique et la réduction de la pauvreté dans les pays en développement. Dans ce contexte, exclure l'agriculture des chaines de valeurs semble être une omission à remédier. En quoi les chaines de valeurs sont-elles "nouvelles"?
Les filières agricoles et alimentaires sont en cours de changements profonds et rapides dans les pays en développement. Les changements de comportements alimentaires d'une population de plus en plus urbaine et l'accroissement de la demande intérieure pour des produits alimentaires à haute valeur ajoutée (produits transformés, nouvelles consommations..) induisent une transformation des chaînes de valeur dans les pays en développement qui sont alors tirées par la demande. La structure même des chaines de valeur se modifie avec des niveaux de coordinations et d'interaction différents entre les acteurs, l'agro-industrie et la grande distribution prenant une place de plus en plus importante.
L'enjeu est alors double pour l'agriculture des pays en développement : il s'agit d'une part de développer les chaines de valeur agricoles pour répondre à la demande du marché intérieur et rester compétitif à l'égard des produits importés et d'autre part d'inclure les petits producteurs à ces nouvelles chaines de valeur. L'enjeu pour les petits producteurs
Le développement des chaines de valeur est potentiellement source de croissance du secteur agricole en contribuant à la modernisation et à la transformation de l'agriculture. Les chaines de valeurs agricoles peuvent être un levier de croissance et de réduction de l'extrême pauvreté à la condition que les petits producteurs puissent être inclus aux chaines de valeur.
La passation de contrat ou le versement de salaires des intervenants de la chaine (fournisseurs, coopérative, transformateur..) aux petits producteurs sont pour ceux-ci une promesse d'augmentation de revenu ou de modernisation. Les contrats peuvent être un instrument efficace d’accès à des produits et services qui ne sont pas accessible par le marché tels que intrants, crédit, assurance, assistance technique, contrôle qualité et garanties de prix. L'inclusion à une chaine de valeurs représente donc une forte opportunité d'accroitre leur niveau de vie mais il est difficile pour eux d'être inclus: les contrats sont difficiles à mettre en œuvre et à respecter aussi bien pour les producteurs que pour les partenaires commerciaux. Comment favoriser le développement des chaines de valeurs et l'inclusion des petits producteurs?
Plusieurs facteurs rendent une chaine de valeur agricole potentiellement efficace :
Et plusieurs facteurs favorisent l'inclusion des petits producteurs :
Toutefois, les chaines de valeurs ne se mettent pas spontanément en place. L'Etat et les bailleurs de fonds ont donc un rôle important à jouer en termes d'organisation, d'investissement de départ ou de régulation.
De même, l'inclusion des petits producteurs à une chaine de valeur nécessite de leur donner les atouts nécessaire en termes de terres, outils de travail et compétences. Dans ce cadre également, l'intervention de l'Etat ou des acteurs du développement est nécessaire. En conclusion,
La capacité de levier du développement des chaines de valeur agricoles reste encore trop sous-estimée par les Etats et les acteurs du développement. Cet atelier a permis d'aborder et de discuter nombre de sujets liés au développement des chaines de valeurs et de l'inclusion des petits producteurs. C’est un vaste sujet, prometteur aussi bien pour la recherche que pour des programmes de développement, qui mérite une attention soutenue.
Patrick Guillaumont, President of Ferdi / Président de la Ferdi
Chair: Christophe Angely, Head of Strategy of Ferdi / Directeur de la stratégie de la Ferdi
"Changes in food supply chains and opportunities for agricultural and rural transformations"
"Supply Chain development and options for smallholder inclusiveness"
"Value chains inclusiveness and domestic demand"
Discussant: Marie-Hélène Collion, Consultant to the World Bank, Agriculture and Rural Development / Consultante à la Banque mondiale, Agriculture développement rural
Chair: Christophe Du Castel, Biodiversity Leading Expert, Agriculture’s Division, AFD / Expert référent Biodiversité, division agriculture, AFD
"Promoting quality in agri-food supply chains"
"Experiences in smallholder inclusion: contracting, certification and fair trade"
"Quality recognition in markets and smallholder responsiveness"
Discussant: Christophe Du Castel, Biodiversity Leading Expert, Agriculture’s Division, AFD / Expert référent Biodiversité, division agriculture, AFD
Chair : Alain de Janvry, Professor, University of California at Berkeley and Senior Fellow Ferdi / Professeur à l’Université de Californie à Berkeley et Senior Fellow Ferdi
Introductory comments: Johan Swinnen, Professor at Leuven University / Professeur à l'Université de Louvain
Catherine Bureau, Deputy Director for programs at the Fondation Avril / Directrice déléguée aux programmes de la Fondation Avril
Jean-Christophe Debar, Director at FARM Fondation / Directeur de la fondation FARM
Raphaël Plihon, Deputy Head Manufacturing, Proparco / Adjoint industrie, Proparco
Concluding comments: Johan Swinnen, Professor at Leuven University / Professeur à l'Université de Louvain, LICOS