Son intervention lors de l'atelier sur la gouvernance des ressources naturelles et leur gouvernance dans la transparence, l’équité et la responsabilité a mis en lumière les enjeux des ressources naturelles en Afrique.
Dans son intervention, Jean-Marc Gravellini a rappelé que l'Afrique joue un rôle majeur dans la production et l'exportation de diverses ressources naturelles dont le pétrole, le gaz, le charbon, l'or, le fer, le cuivre, les diamants, le bois mais aussi des produits agricoles plus ou moins transformés.
A titre d’exemple, la Guinée est le 2ème producteur mondial de bauxite, le Maroc 3ème de phosphate, la RDC 1er de cobalt et de tantale, le Botswana 3ème de diamants, la Namibie 3ème d’uranium, le Mozambique le 3ème de titane. Pour la très large majorité des pays africains (45 sur 54), les exportations dépendent à plus de 70 % des combustibles, des métaux et des minerais !
Enjeux de sécurité
Dans le même temps, l’opacité des contrats miniers dans un contexte de forte corruption entraîne un manque à gagner annuel pour les États évalués à 50 milliards $ par l’OCDE. En mars 2020, le Brookings Institute constatait que neuf des dix pays africains à l’origine des plus importants flux illicites de capitaux étaient des exportateurs de matières premières.
Les ressources naturelles restent également un important enjeu de sécurité régionale. Leur accaparement a joué un rôle déterminant dans les guerres civiles au Libéria, en Sierra Leone ou en Angola. Dans l’est de la RDC, les groupes armés avec le soutien de pays voisins trouvent dans leur exploitation illégale leurs sources de financement. Si le processus de Kimberley a permis d’assainir la filière diamantaire, le travail reste à faire pour d’autres filières comme l’or, pour lequel l’extraction artisanale au Mali, au Burkina est souvent opérée en lien avec les groupes mafieux et terroristes.
Transition Verte et énergétique
Un point crucial mis en avant par Jean-Marc est le rôle essentiel que jouent certaines ressources naturelles africaines dans la transition verte et énergétique mondiale. Il a souligné que les minéraux nécessaires aux technologies vertes, telles que les panneaux solaires et les batteries, offrent d'énormes opportunités pour les pays africains producteurs de ces ressources.
Terres Agricoles et Sécurité Alimentaire
Jean-Marc Gravellini a souligné la disponibilité considérable de terres agricoles en Afrique, tout en mettant en garde contre la convoitise et les conflits liés à ces terres. Il a rappelé que l'Afrique possède environ 200 millions d'hectares de terres non exploitées, soit la moitié des terres cultivables mondiales, ce qui en fait un enjeu majeur pour la sécurité alimentaire mondiale.
Convoitises, Instabilité et Interventions Extérieures
En abordant la question des convoitises et de l'instabilité générée par les ressources naturelles, Jean-Marc a rappelé que ces ressources ont souvent été pillées pendant des décennies. Il a donné l'exemple de la Chine en Angola et en RDC, soulignant les accords commerciaux massifs qui ont eu lieu, mais aussi les problèmes de dette qui en ont résulté.
Avec un tel potentiel, mais aussi de tels risques de convoitise et donc de conflits, comment l’Afrique peut-elle prendre en main son destin pour tirer le meilleur parti de l’importance de ses ressources naturelles ?
Jean-Marc Gravellini souligne ainsi que malheureusement le secteur primaire, d’une manière générale, et le secteur des industries extractives notamment n’ont pas permis à l’Afrique de décoller sur le plan économique. Sur le continent, les populations vivent dans la pauvreté. Il rappelle que l’exploitation des ressources minières est aussi souvent source de prédation et de corruption, et proche du concept de malédiction des matières premières.
Quant au secteur tertiaire si il est extrêmement prometteur, au vu notamment des réels succès enregistrés ces dernières années en termes de développement des services financiers, numériques … , toute l’Afrique ne pourra pas en vivre dignement
Le maillon manquant reste l’industrialisation.
Jean-Marc Gravellini a évoqué la nécessité pour l'Afrique de préserver sa souveraineté sur ses ressources naturelles et de les exploiter au mieux. Il a suggéré que l'industrialisation est le maillon manquant pour tirer le meilleur parti de ses ressources.
Les ressources existent, la population est là massivement, la jeunesse et son dynamisme sont largement à disposition, les marchés intérieurs, au regard de la démographie, sont exponentiels et il y a de surcroit un besoin mondial de matières premières notamment pour verdir et décarboner l’économie mondiale.
Comment atteindre cet objectif ?
Jean-Marc Gravellini a proposé une vision stratégique nationale et une planification rigoureuse, inspirées par le modèle asiatique du sud-est, pour développer efficacement ces ressources. Il insiste sur la nécessité de mobiliser l'expertise, le financement international, un cadre juridique clair, l'éducation et la formation, ainsi que le développement des infrastructures pour soutenir cette stratégie.
Il a conclu en affirmant que l'Afrique, avec sa population en croissance, ses ressources naturelles, et la demande mondiale croissante de matières premières, a un rôle clé à jouer dans la transition énergétique mondiale et peut devenir un acteur majeur de l'industrialisation verte du XXIe siècle.