2e réunion de haut niveau du Partenariat global pour l'efficacité de la coopération au développement

28 novembre 2016 > 1 décembre 2016, Nairobi

L'AFD, la Ferdi, l'UEMOA et la CEMAC ont co-organisé l'événement parallèle: Comment traiter les vulnérabilités et les fragilités des États par l'allocation de l'aide?

La Ferdi, en partenariat avec l'Agence française de développement (AFD), la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (CEMAC) et l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), a organisé le 30 Novembre 2016 un événement parallèle sur "Comment traiter les vulnérabilités et les fragilités des États par l'allocation de l'aide" lors de la 2e réunion de haut niveau du Partenariat global pour l'efficacité de la coopération au développement qui s'est tenue du 28 Novembre au 1er Décembre à Nairobi (Kenya).

L'évènement a traité de la couverture des risques que connaissent les pays et les populations vulnérables par une meilleure prise en compte des vulnérabilités dans l’allocation des ressources concessionnelles. Les participants étaient invités à répondre à trois questions: i) Les ressources les plus concessionnelles doivent-elles plutôt cibler les pays ou les individus?; ii) Est-il pertinent de distinguer des catégories de pays dans l'allocation? ; iii) Dans ce cas, comment considérer les différentes catégories de pays?


Il a réuni :

  • Euphrasie Kouassi Yao, Ministre de la Promotion de la Femme, de la Famille et de la Protection de l'Enfant , République de Côte d'Ivoire
  • Gyan Chandra Acharya, Secrétaire général adjoint des Nations unies et Haut Représentant des PMA, des petits Etats insulaires et des pays enclavés
  • Jake Grover, Senior Policy Advisor, Département des politiques et de l'évaluation, Millennium Challenge Corporation
  • Philippe Orliange, Directeur exécutif pour la Stratégie de l'AFD
  • Patrick Guillaumont, Président de la Ferdi et modérateur de la session.


Compte-rendu

Les panélistes ont tous reconnu l'importance de cibler les ressources sur les pays dont les vulnérabilités structurelles sont les plus fortes.

Gyan Acharya a souligné que l'atteinte des ODD passera par une prise en compte plus franche des critères de vulnérabilités dans les allocations de ressources concessionnelles.

Patrick Guillaumont a rappelé à ce titre le principe d'équité qui justifie notamment l'emploi de l'EVI (indice de vulnérabilité économique) dans les allocations d'aide au développement. Si un plus grand nombre de pauvres se trouvent dans les pays à revenu intermédiaires, ces derniers disposent généralement de plus de moyens pour faire face à leurs vulnérabilités économiques. Il en va de même pour les autres formes de vulnérabilité comme celles socio-politiques, ou encore la vulnérabilité au changement climatique dans les décisions d'allocation des fonds d'adaptation. Les panélistes se sont accordés sur la trop grande rigidité que constitue une catégorie de pays dans un processus d'allocation. Patrick Guillaumont a insisté sur la pertinence de considérer des critères de vulnérabilité plutôt que des catégories de pays afin de ne pas créer des seuils dans les allocations et de mieux tenir compte des degrés variés de vulnérabilités et de leurs différents aspects. Il a rappelé la récente résolution sur la "transition douce" adoptée par l'Assemblée des Nations Unies invitant ses membres à privilégier les critères d'identification des PMA dans l'allocation de leur aide.

Euphrasie Kouassi Yao et Philippe Orliange ont rappelé qu'il n'y a pas que les PMA qui soient vulnérables. Pour la Ministre Yao, les pays à revenus intermédiaires font face à des vulnérabilités qu'il est nécessaire d'accompagner. En réponse à la première question, elle estime que l'échelon national est beaucoup plus pertinent, passer par les ONG créant des "doublons". Philippe Orliange a pris quant à lui l'exemple du Liban qui, malgré un revenu par tête relativement élevé (le Liban est un pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure), fait face à une vulnérabilité politique et régionale difficile à juguler seul. Il a proposé qu'un critère de vulnérabilité régionale soit pris en compte afin de considérer les risques de contagion des crises. Il a annoncé à cette occasion la création d'une facilité d'atténuation des vulnérabilités et de réponses aux crises mise en oeuvre par l'AFD et dotée d'un budget de 100 millions d'euros par an. Il a également souligné que les interlocuteurs de l'AFD dans les pays en développement ne recherchent pas nécessairement de l'aide mais plutôt des éléments de solutions techniques, ce qui nuance quelque peu la question de l'allocation de l'aide pour laquelle il faut privilégier lorsque cela est possible souplesse et capacité d'adaptation.

Gyan Acharya a insisté sur le besoin de construire la résilience et a souligné le faible respect des engagements envers les pays vulnérables, et plus particulièrement les PMA.

Jake Grover a quant à lui présenté l'approche du Millenium Challenge Coproration (MCC) en matière d'allocation. Le MCC privilégie des critères de besoins et de "mérite". En matière de besoins, le MCC ne cible que des PFR et des PRITI. En matière de mérite, le MCC considère une vingtaine d'indicateurs mesurant notamment l'Etat de droit et le degré de libertés économiques. Le MCC ne cible pas particulièrement une catégorie de pays et ne travaille pas avec les Etats faillis mais investit de plus en plus le champs des fragilités institutionnelles. L'exemple du MCC illustre le dilemme entre la recherche de performance et le besoin de s'attaquer aux vulnérabilités.

Comme l'a rappelé Patrick Guillaumont, le poids de la performance macroéconomique dans les modèles d'allocation est un sujet de débat important, particulièrement pour les Banques multilatérales de développement qui ont besoin d'un consensus autour de formules dans lesquelles les vulnérabilités doivent trouver leur place. Le modèle de la Commission européenne dont la formule a évolué dans ce sens sous l'impulsion de travaux de la Ferdi en est un exemple.