La conférence ministérielle quadriennale est l'instance suprême de la CNUCED. De nombreux acteurs du développement y participent, notamment des chefs d'état et de gouvernement, des ministres et des représentants du gouvernement, des organisations internationales et non-gouvernementales, des représentants du milieu universitaire ainsi que du secteur privé. Le mandat de la CNUCED ainsi que les priorités de travail sont décidés au cours de la conférence. Le format de la conférence, qui est faite de sessions formelles et informelles, engage le dialogue sur des thématiques essentielles et émergentes ayant trait à l'économie mondiale, permet de débattre des options politiques et définit des moyens d'action à l'échelle mondiale.
Le thème de la 14e conférence était : "Des décisions aux actions : Vers un environnement économique mondial équitable et solidaire au service du commerce et du développement."
Lors de cette conférence, Matthieu Boussichas, Responsable de programme à la Ferdi a participé à la session "Rendre le commerce (plus) utile pour l'Afrique et les PMA : Comment veiller à ce que le commerce soit inclusif et pro-pauvres" où il est intervenu sur la question de l’évaluation de la contribution de l’aide pour le commerce à la réduction de la pauvreté. L’idée principale défendue est que, même si l’évaluation est rendue difficile par un manque de données et le caractère flou du concept d’aide pour le commerce, il apparaît que l’aide pour le commerce est efficace à réduire la pauvreté si celle-ci est ciblée sur les pays à forts handicaps structurels dans un but de financer à la fois des infrastructures matérielles et immatérielles qui contribuent à réduire les coûts du commerce.
La croissance rapide du commerce et de la production dans les deux dernières décennies ont conduit à une diminution significative des taux de pauvreté dans le monde entier. Mais il reste encore beaucoup à faire. En Afrique et dans les PMA, même les meilleures années de croissance du commerce - et d'augmentation des recettes d'exportation - ne se sont pas adéquatement traduites dans la diversification, la transformation économique et la réduction de la pauvreté. Dans la plupart de ces pays, un chaînon manquant essentiel entre la performance commerciale et le progrès social a été le fait que la croissance du commerce n'a pas été accompagnée d'une transformation économique structurelle, ni par une forte expansion de l'emploi, lesquels auraient conduit à la création de postes de travail plus nombreux et de meilleure qualité pour la population de ces pays et, par conséquent, à une réduction de la pauvreté plus vigoureuse. Au niveau des politiques publiques, souvent il n’y a eu guère d’intégration et de synergie entre la politique commerciale et les politiques nationales de développement. Cette table ronde a discuté de la façon de mieux resserrer les liens entre ces politiques, de manière à renforcer le rôle du commerce en tant que moyen de mise en oeuvre des objectifs de développement durable (ODD).
• Comment renforcer la contribution du commerce extérieur à la réduction de la pauvreté en Afrique et dans les PMA ?
• Comment peut-on créer des synergies entre la politique commerciale et la politique d'IED afin d’accélérer le progrès social ?
• Quels sont les meilleurs mécanismes pour établir des liens entre le commerce et la transformation économique structurelle ?
• Quel rôle la communauté internationale doit-elle jouer dans l'accélération des progrès ? • Quelles stratégies l’Afrique et les PMA devraient-ils mettre en oeuvre pour diversifier et mettre à niveau leurs exportations ? • Comment l'impact du commerce sur la création d'emplois de qualité peut-il être renforcé ?
• Quelles sont les meilleurs moyens de prendre en compte les changements de l’environnement commercial international (chaînes de valeur mondiales, cybercommerce ...) dans l'élaboration des politiques commerciales nationales ?
• Comment les décideurs nationaux peuvent-ils tirer des bénéfices dans le domaine du développement des (méga) accords commerciaux régionaux ?
Remarques d'ouverture: M.Guillermo Valles, Directeur de la Division du commerce international des biens et services, et des produits de base et Directeur par intérim de la Division de l'Afrique, des pays les moins avancés et des programmes spéciaux de la CNUCED
Modérateur: M. Ratnakar Adhikari, Directeur exécutif, Cadre intégré renforcé (CIR)
Panélistes:
• S.E. Mme. Jessy Carmelle Petit Frère, Ministre du Commerce et de l’Industrie, Haïti
• S.E. M. Phoho Joshua Setipa, Ministre du Commerce et de l’Industrie, Lesotho
• Mme Jodie Keane, Secrétariat du Commonwealth
• M. Darlington Mwape, Chercheur principal, Centre international pour le commerce et le développement durable (ICTSD)
• M. Aeneas Chapinga Chuma, Sous-Directeur Général et Directeur régional pour l’Afrique, Bureau International du Travail (BIT)
• M. Yao Graham, Coordinateur, Third World Network - Africa
• Mme Sekai Nzena, Cheffe des Affaires publiques, Amatheon Agri Holding N.V.
• M. Matthieu Boussichas, Responsable de programme, Fondation pour les Études et Recherches sur le Développement International (Ferdi)
COMPTE-RENDU DÉTAILLÉ par Matthieu Boussichas, Responsable de programme à la Ferdi
M. Adhikari a introduit la session en rappelant qu’un des défis restants en Afrique est la diversification des exportations, limitées et à faible valeur ajoutée et par conséquent peu favorables aux pauvres. Il a dressé une liste de sujets d’importance, à l’instar de ses autres interventions dans d’autres tables rondes, notamment le besoin de promouvoir l’intégration régionale, de renforcer les capacités des administrations et de réellement enclencher une dynamique de transformation structurelle. Ces trois sujets ont été mentionnés systématiquement dans quasiment toutes les tables rondes auxquelles j’ai participé, souvent de façon assez peu substantielle.