Contexte et justification
L’intégration régionale en Afrique centrale représente un important vecteur de promotion de la croissance et du développement pour les États de la région. Initié selon une dimension monétaire, le mouvement d’intégration régionale en zone CEMAC s’est étendu à la dimension économique afin de réaliser un marché commun, de faire converger les politiques macroéconomiques et de mettre en œuvre des politiques sectorielles régionales.
Ce processus d’intégration régionale n’est pas unique sur le continent Africain et doit s’articuler avec des processus aux contours géographiques parfois plus étendus mais également parfois emboîtés. Ainsi l’approfondissement de l’intégration régionale des pays de la zone soulève deux grandes questions.
Daniel ONA ONDO, Président de la Commission Economique et Monétaire d’Afrique Centrale (CEMAC)
Patrick GUILLAUMONT, Président de la Fondation pour les Etudes et Recherches sur le Développement International (FERDI)
Keynote - Jaime DE MELO, Professeur Emérite à l’Université de Genève, Conseiller scientifique de la FERDI.
« Deux défis à l’intégration africaine »
Président de séance : Ngueto YAMBAYE, Directeur général du Fonds africain de garantie et de coopération économique (FAGACE)
Gabriel ZOMO YEBE, Professeur, Doyen honoraire de la Faculté des sciences économiques de l’Université Omar Bongo de Libreville
« L'engagement des pays dans l'intégration régionale de la CEMAC »
Joël CARIOLLE, Chargé de recherche à la Ferdi, Université Clermont Auvergne (en collaboration avec Anne-Marie GEOURJON et Audrey-Anne DE UBEDA, économistes et chercheurs, Ferdi, Université Clermont Auvergne)
« Différencier les indicateurs d’intégration régionale : engagements, besoins, résultats »
Discussion générale
Discutants :
Juliette ENGOUE, Directrice du Commerce et de la Concurrence, Commission de la CEMAC
Luther MASSSALA, Directeur de l’harmonisation fiscale et comptable, Commission de la CEMAC
Edmond YALIS, Chef de service des affaires douanières et de la libre circulation, Commission de la CEMAC
L’Afrique centrale est l’une des zones les moins intégrées du continent à en juger par le volume de commerce intra CEMAC, en moyenne 9% des échanges depuis quelques années. Compte tenu du rôle de plus en plus croissant que doivent jouer les CER dans l’émergence économique des pays, et de la préservation de l’environnement, les autorités ambitionnent d’élargir l’intégration régionale en fusionnant la CEMAC et la CEEAC, tout en participant à la ZELECAF. Une telle ambition est toutefois conditionnée par un niveau d’engagement accru des pays, mais aussi par le suivi et l’amélioration des progrès du processus d’intégration régionale. La présente communication adopte une approche inductive, et à l’aide de matrices SWOT, étudie les facteurs susceptibles d’influencer le niveau d’engagement des Etats de l’Afrique centrale dans les processus d’intégration actuel et futur. Il en ressort que la dynamique d’intégration et donc le niveau d’engagement de chaque pays, dépend (ou dépendra) des coûts et bénéfices. Ces derniers relèvent en grande partie de la structure de production, de la montée dans les chaines de valeurs, de la fourniture des biens publics, et de manière générale, de la stratégie de développement. Nous montrons que sans un programme économique régional (PER), il sera difficile de sortir des égoïsmes nationaux et d’éviter le non-respect des textes régionaux en vigueur. Quant aux coûts, ils relèvent des facteurs externes indépendants (contrainte de l’environnement, poids des accords coloniaux, conjoncture internationale) ou dépendants de la volonté des États, (hétérogénéité des pays, multiplicité des monnaies, problèmes de change, qualité des institutions, etc). La minimisation de ces coûts dépendra en grande partie de la qualité des institutions dans un environnement mondialisé.
Le suivi de l’intégration régionale en Afrique est souvent réalisé à partir d’indicateurs aux périmètres et aux objectifs hétérogènes. À titre d’exemple, l’indice d’intégration régionale en Afrique (IIRA), proposé par la Banque africaine de développement (BAfD), l’Union africaine (UA) et la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies (UNECA), associe des indicateurs de conformité avec des indicateurs de résultats des politiques d’intégration, des indicateurs de politiques nationales avec des indicateurs de politiques communautaires ou, encore, des indicateurs objectifs avec des indicateurs subjectifs établis à partir d’enquêtes. Cette hétérogénéité d’indicateurs, justifiée par la nécessité de comparer les progrès d’États membres de communautés économiques régionales aux agendas et rythmes d’avancement variés, ne permet pas d’apprécier la vigueur avec laquelle les États essaient d’atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés dans le cadre du processus d’intégration. Cette communication permettra de revenir sur les indicateurs existants et de proposer des pistes pour compléter les dispositifs existants de suivi. A ce titre, l'indice d'engagement développé par la Ferdi, appliqué à l'UEMOA, sera présenté en même temps que sera proposée une réflexion autour de la notion d'indice de besoin d'intégration régionale.
Président de séance : Bruno CABRILLAC, Directeur général adjoint des Études et des relations internationales de la Banque de France
Mathias NDINGA, Professeur, Doyen de l’Université Mariem Ngouabi de Brazzaville
« L'intégration régionale est-elle un instrument de résilience pour les pays de la CEMAC ? »
Samuel GUERINEAU, Doyen de l’Ecole d’économie de l’Université Clermont Auvergne, CERDI-CNRS-FERDI (en collaboration avec Sylviane GUILLAUMONT JEANNENEY et Florian LEON, Université Clermont Auvergne, CERDI-CNRS-FERDI)
« La surveillance multilatérale à l’épreuve des chocs »
Discussion générale
Discutants :
Nadjiounoum DJIMTOINGAR, Directeur des Etudes Economiques, Commission de la CEMAC
Gomez GBEDIA AGOU, Représentant résident du Fonds Monétaire International au Gabon
Jean Claude NGUEMENI, Directeur de la surveillance multilatérale, Commission de la CEMAC
L’intégration régionale peut être considérée non seulement comme un moyen d’insertion dans l’économie mondiale, mais également comme un instrument de résilience aux chocs. Il en est ainsi parce que la mondialisation, qui s’accompagne de l'interconnexion accrue des pays et des régions dans la circulation des biens, des services et de l'information a augmenté la perception des agents économiques sur le risque des chocs exogènes. La CEMAC constitue un champ d’investigation particulièrement intéressant quant à l’examen de cette question pour au moins deux raisons. La première est que l’intégration régionale reste ici une réalité en construction et, deuxièmement, ces pays font face à la fois à l’instabilité des prix du pétrole, à la pandémie à Corona Virus (COVID-19) et à des conflits armés qui mettent à rude épreuve leur situation sécuritaire. En prenant appui sur le concept de résilience économique et des théories relatives aux avantages d’une intégration économique, l’objet de cette communication est de montrer à quel point le processus d’intégration régionale permet d’atténuer les effets des chocs et de relever les défis sécuritaires. Etant donné toutefois que le processus d’intégration est inachevé, que les pays sont tributaires de spécialisations primaires avec des institutions faibles et une démocratisation peu maitrisée, il y a lieu d’évoquer quelques limites.
Le dispositif de surveillance multilatérale, adopté en 2017, a connu une évolution dont l'objectif est de favoriser la coordination des politiques économiques nationales. La communication est structurée en trois parties complémentaires : 1) Quels étaient les objectifs de la réforme et comment les indicateurs de surveillance multilatérale, en particulier le solde budgétaire, ont-ils été définis en cohérence avec cet objectif ? Pour rappel, l'objectif central est de constituer une épargne dans les périodes de prix du pétrole élevé pour absorber les effets des baisses futures. 2) Comment la réforme adoptée en 2017 a-t-elle été mise en œuvre ? Quels ont été les effets de celle-ci sur la trajectoire budgétaire des pays ? A- t-elle été utile malgré le contexte initial de baisse du prix du pétrole ? 3) Quelles sont les actions à mettre en œuvre pour renforcer l’efficacité du dispositif dans un contexte nouveau ? A la lumière de l'expérience des dernières années, quels sont les éléments de la réforme qui méritent d'être finalisés ou ajustés (collecte des données, fonds de réserve, sanctions…) ? Quels sont enfin les conséquences du contexte nouveau (coût de la crise sanitaire, hausse du prix du pétrole, etc...) qui peuvent justifier des ajustements de la réforme sans remettre en cause son objectif premier ?
Président de séance : Jean-Baptiste BIKALOU, Président de la Chambre de Commerce du Gabon
Désiré AVOM, Professeur Doyen de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de l’Université Yaoundé II-Soa
« L’intégration régionale en Afrique Centrale : levier pour une meilleure insertion dans les chaînes de valeur mondiales »
Patrick PLANE, Directeur de recherche au CNRS, Université Clermont Auvergne, CERDI-CNRS-FERDI
« L’intégration régionale comme outil de facilitation de la transformation structurelle»
Discussion générale
Discutants :
Jean Paul KIMOTO, Directeur des Ressources humaines, Commission de la CEMAC
Charmille LEHINDAH-DJIMBAH, Cheffe de service des institutions communautaires, Commission de la CEMAC
Roland Marc LONTCHI TCHOFFO, Directeur de la statistique, Commission de la CEMAC
L’Afrique centrale est l’une des régions au monde les moins intégrées aux chaînes de valeur mondiales (CVM). La participation se concentre essentiellement sur l’aval de celles-ci. La part de la valeur ajoutée étrangère intégrée dans les exportations totales (participation en amont) demeure faible et représente seulement 1% du PIB, comparée à celle locale incluse dans les exportations (participation en aval). La faible participation de la CEMAC aux CVM, avec toutefois de fortes disparités entre pays, s’explique principalement par la très forte concentration des exportations sur les productions primaires. Cette faiblesse n’est pas compensée par le développement du commerce intra régional, le plus faible de toutes les communautés sous régionales d’Afrique.
Au-delà du débat non consensuel de l’impact de la participation aux CVM sur les économies des pays en développement, cette communication vise à montrer que le niveau et l’intensité de participation aux CVM de l’Afrique centrale seront accélérés par un renforcement de l’intégration régionale, qui permettra des complémentarités rendant possibles les économies d’échelle. L’analyse menée dans cette communication est basée sur les statistiques de l’union Africaine et de l’OCDE. On montre qu’il existe une corrélation positive entre l’indice d’intégration régionale et la participation aux CVM. Plus spécifiquement, les pays qui sont le plus intégrés au regard des dimensions commerciale, de la mobilité des capitaux et des personnes, ont aussi un niveau de participation relativement plus élevé (Afrique du Sud). A titre d’illustration, le Gabon, le Congo et le Cameroun, qui sont relativement les plus intégrés, participent également le plus aux CVM. Pour optimiser les bénéfices de cette participation, un certain nombre de défis récurrents doivent être relevés que l’on analyse dans la communication.
Si le développement économique est conditionné par la bonne mobilisation des ressources naturelles, il est surtout affaire d’efficacité dans les stratégies de transformation qui concourent à une croissance durable et inclusive. La diversification par l’exportation est un moyen de parvenir à ce résultat. En la matière, et sur les produits manufacturés, les tendances en CEMAC ont été à la fois globalement mitigées et très contrastées entre les pays membres. La relance du processus implique de renforcer la qualité de l’environnement institutionnel et économique, de redynamiser également les forces d’intégration régionale qui faciliteront le positionnement dans l’espace de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zelecaf). La réalisation de ces objectifs confère à la Commission un rôle éminent. La communication est centrée, dans un premier temps, sur l’état des lieux de la diversification en CEMAC. Dans un deuxième temps, elle passe en revue une douzaine de réformes de nature à soutenir les efforts de transformation structurelle.
Rigobert ANDELY, Ministre des finances, du budget et du portefeuille public de la République du Congo (en vidéo)
Patricia AUBRAS, Directrice régionale de l’Agence française de développement (AFD) pour la région Afrique centrale
Nouridine KANE DIA,Représentant-pays Gabon, Banque africaine de développement
Efstratios PEGIDIS, Chef de Coopération, Délégation de l’Union Européenne au Gabon
Albert ZEUFACK, Economiste en chef pour la région Afrique, Banque mondiale (en vidéo)
Modérateur: Patrick GUILLAUMONT, Président de la FERDI