Le Sahel, une des régions les plus pauvres et défavorisées de notre planète, mais aussi les plus riches culturellement, traverse une mutation économique, sociale et environnementale sans précédent. La dernière décennie a été marquée par la résurgence, la multiplication et l’intensification de crises politiques et de gouvernance, aux causes externes et internes, qui ont profondément détérioré la situation sécuritaire de la région. Ces crises, s’ajoutant aux crises agro-climatiques, économiques et nutritionnelles récurrentes depuis les années 1970, menacent non seulement la stabilité des régimes politiques en place mais remettent aussi en question les équilibres sociétaux des pays concernées. Elles risquent de générer à leur tour de nouvelles crises intercommunautaires. Elles contribuent à des mouvements forcés de populations et l’intensification de flux de migrations de moins en moins contrôlables. Du classique « piège de pauvreté » traditionnellement mis en avant par les économistes, on passe à un « piège de conflictualité » auquel un pays comme le Mali se retrouve aujourd’hui tout particulièrement exposé. Ce numéro de la revue des anciens élèves de l’ENA revient donc sur les différents facteurs de vulnérabilité du Sahel mais tente aussi d’explorer de nouvelles pistes de réflexion sur la conception de trajectoires d’un développement économique et humain pérenne pour les pays de la région.